stars dance together, rp 1

Plusieurs soirées sont organisées chaque semaine et évidemment, tu offres le plaisir à tout le monde de te rendre à chacune elle, de saluer tout un chacun et d'être toujours le roi de la soirée, parce que c'est un peu devenu ton rôle aujourd'hui et que tu le prends très à coeur. Pire même, c'est toi qui a tout fait pour être à cette place de mec le plus envié, que ce soit au collège, lycée ou maintenant à l'université et pire encore, dans ta fraternité même. Quand t'y penses, c'est drôle d'envier un mec malade mais c'est vrai que malgré ce léger détail, tu restes un exemple pour tous et tu en es pleinement conscient. Alors c'est pour ça que cette fois-ci, la soirée Phi Kappa Psi, c'est toi qui l'organise, c'est pas écrit sur tous les flyers mais tu sais que beaucoup seront présents simplement parce qu'ils auront entendu dire que tu t'occupes de tout, et forcément, que tu seras là aux premières loges.

T'aimes cet effet que t'as sur les gens, cette crainte mêlée à une certaine admiration, t'as toujours adoré ça, c'est comme une drogue, tu ne peux pas te passer du regard des gens sur toi, c'est ce qui te fait vibrer, ce qui fait que tu te lèves tous les matins même. Alors voir ce monde arriver, ces quelques personnes qui n'osent pas t'approcher, ces autres qui au contraire, t'approchent un peu espérant pouvoir avoir plus le temps d'une soirée, ça te fait doucement rire et bien vite, tu oublies le reste, t'es pas capable de réaliser ce qui te tombe dessus de toute façon. Alors un verre est englouti puis un deuxième et un troisième. C'est en finissant ce dernier que tu la vois, tu serais pas capable de te rappeler son prénom mais ce visage tout perdu et ces yeux de chaton, tu sais que ça te dit quelque chose. Cette jeune fille, tu la connais, tu ne sais pas d'où mais tu la connais et comme tu fais tous les soirs, c'est sur elle que tu jettes ton dévolu. Donne-moi un verre toi. t'ordonnes au garçon à côté de toi qui t'attrape alors un verre. Sans un merci et sans un merde, tu t'avances vers la douce créature. Un verre ? tu proposes simplement, un sourire aux lèvres alors que tu lui tends le verre. On s'est déjà croisés n'est-ce pas ? t'es confiant, comme toujours, tu vois pas pourquoi tu le serais pas.

Tu savais pas pourquoi t'étais venue, pourquoi finalement t'avais décidé de lâcher tes bouquins pour aller rejoindre une fête. Le bruit, l'alcool, les gens, tout ça, c'était pas pour toi. T'avais jamais été bourrée ni droguée, tu savais même pas ce que c'était de tester toutes ces substances. T'avais vingt-quatre ans, et souvent les gens pensaient que tu en avais seize. T'avais rien vécu de ta vie d'adolescente et même si t'avais eu ta majorité, c'était comme si ta vie passait sous tes yeux sans que tu puisses la toucher.

Cette fois, t'avais décidé de te sociabiliser, t'en n'étais même pas sûre en réalité. Tu savais juste que tu avais enfilé une petite robe et des escarpins pour l'occasion. Tu rigolais presque en te voyant habiller de la sorte, c'était tellement pas toi en réalité. Toi, à l'habitude c'était jean et baskets.

Tu étais entrée dans le lieu où la musique et la foule t'encerclaient de toute part. T'avais envie de fuir. T'étais pas bien, tu comprenais que c'était une mauvaise idée. Tu restais dans un coin esseulée, où t'avais l'impression de trouver une sorte de refuge quand un type était venu t'aborder pour te proposer un verre. Tu le connaissais. Comment pouvait-il poser cette question ? Ton cœur se morcella, prêt à se briser à nouveau. Parce que la panique te gagnait, t'avais juste été capable d'hocher la tête à sa demande. Tu te sentais fragile à nouveau. T'avais toujours peur de lui et tu étais dépitée à l'idée de le voir à cette soirée. Vu le type, tu pensais qu'il ferait jamais d'études.

- J'ai pas l'impression, tu me dis rien.

Tu avais menti, juste histoire que pour une fois il te fiche la paix. Peut être que cette robe, ce maquillage te transformait. Peut être que cette fois, il te traiterait plus comme une princesse que comme un monstre.

Elle te dit quelque chose, ce visage angélique presque enfantin, t'es certain de l'avoir vue quelque part mais t'es incapable de remettre où. Faut dire que t'en as vu passer des filles, si tu devais te rappeler de chacune d'elle, ça en deviendrait très compliqué. Elle accepte ton verre et dans ta tête, c'est déjà gagné. C'est toujours gagné avec toi de toute façon, t'es Diego Americi, tout le monde te connaît et surtout, te veux, c'est pas tous les jours facile à porter ça mais toi, t'es tout ce que t'as toujours voulu et t'es juste fier d'être l'homme que t'es aujourd'hui. C'est pas un problème, on peut apprendre à se connaître maintenant. tu proposes alors, un sourire plaqué sur tes lèvres. Tu te penches alors un peu plus vers elle, et vient murmurer ou plutôt parler fort à son oreille pour qu'elle entende ces mots. Tu es très séduisante dans cette robe. ça fonctionne d'habitude, t'as pas spécialement besoin de plus et t'espères sincèrement qu'une fois encore ça fonctionnera parce que t'as pas l'intention de batailler trop longtemps.

Tu acceptas son verre, et tu savais que t'allais le regretter parce que tu savais pas ce qu'il y avait à l'intérieur. De l'alcool sûrement. Mais toi, l'alcool, c'était pas ton délire. Et pourtant quand il s'approcha de toi, qu'il avoua qu'il te trouvait séduisante, tu ne pus t'empêcher de boire une gorgée. C'était âcre, fort, répugnant en goût mais bon, tu te disais que si les gens en buvaient comme de l'eau, c'était bien pour une raison. Tu allais te forcer histoire de paraître normal et pas la fille bizarre que tu avais l'habitude d'être.

- Merci, ajoutas-tu en te sentant fébrile. Tu es étudiant alors ?

Tu savais déjà que s'il essayait pas de te détruire c'est qu'il voulait te mettre dans son lit. Ce genre de mec était répugnant, en réalité, il te dégoûtait, t'essayais de t'en persuader mais tu n'expliquais pas pourquoi ton cœur battait plus vite.

Peut être que tu pouvais être son genre de fille, le genre à lui faire tourner la tête, à le faire languir, à jouer avec lui, et à le lâcher plus tard. Ce serait une belle revanche sur tout ce qu'il t'avait fait.

Alors, t'allais boire. D'ailleurs, tu vins engloutir ton verre d'une traite comme une habituée alors que ta gorge s'enflammait.

- Je vais pas rester longtemps, je suis juste passée voir une amie mais je la trouve pas.

Tu mentais, t'avais pas d'amies. Tu voulais juste lui faire comprendre que tu ne comptais pas finir la soirée avec lui.

En réalité, t'en avais pas grand chose à faire qu'il soit représentant de la fraternité mais il avait l'air tellement fier de ça qu'il fallait satisfaire son ego surdimensionné.

- Waw, impressionnant. Alors cette soirée, c'est toi qui l'a organisé ? Belle réussite, répondis-tu en feignant la sincérité.

Toi, tu n'évaluais pas la réussite des autres à une soirée ni même à une fraternité d'ailleurs. Tu avais fuis les sororités parce que le genre de filles qui y traînaient te rebutaient. T'étais pas normale, c'était justement le genre de filles qu'il fallait être pour être acceptée par les autres, ce qui expliquait peut être la raison pour laquelle on t'aimait pas.

Tu lachas un petit rire. Entre le sarcasme et la nervosité, tu savais pas trop ce qu'il représentait vraiment mais tu ne pouvais pas t'empêcher de rire. Lui, net ? T'aurais tout entendu.

- C'est vrai que t'as l'air complètement net. Tu vas sûrement finir bourré comme tous les autres, c'est sûrement moi qui vais devoir te secourir pour t'aider à vomir.

Quand tu y pensais, tu trouvais l'image presque touchante sauf que c'était ton bourreau. Tu ne pouvais pas te résoudre à l'aider même si c'était dans ta nature. Tu te resservis un verre histoire d'apaiser cette douleur sourde dans le creux de ton cœur.

T'es fier de toi, bien sûr que tu l'es. Cette soirée comme toutes les autres est une réussite et c'est bien une chose dont tu es fier, pour les grands de l'université, les mecs comme toi, la réussite se mesure par ce genre de choses, les soirées, les filles, la beauté physique et toi, t'es plutôt bon à ce jeu là, tu l'as toujours été. T'as écrasé les autres pour arriver au sommet et t'es pas peu fier de toi. Je me doutais que tu dirais ça. C'est beaucoup de travail mais bon, ça vaut le coup. tu réponds alors en passant ta main le long de son bras. Sa peau est douce sous ta caresse et si tu le pouvais, tu l'entraînerais direct ailleurs pour profiter d'un semblant de tête à tête. C'est ainsi que tu fonctionnes, que tu as toujours fonctionné, t'es pas prêt de changer. Tu souris à ses mots, c'est pas ton genre ça, t'aimerais pas te ridiculiser à ce point, t'es celui qui fait vomir les autres, toi t'es capable de tout tenir. C'est mal me connaître ça. Mais on a toute la soirée pour que tu en apprennes plus sur moi et moi, plus sur toi. En réalité, tu ne t'intéresses absolument pas à elle, à ce qu'elle peut faire dans la vie, même son prénom ne t'intéresse pas, ce n'est qu'une conquête de plus à ajouter sur un potentiel tableau de chasse bien rempli, juste une ligne et un numéro parce qu'évidemment, en bon chasseur que tu es, tu donnes des notes. Dans chacune des chambres de la maison sont affichés les tableaux de chacun des étudiants qui font partie de votre fraternité, avec les noms des filles, et les notes. A la fin du mois, vous faites les comptes, pour le moment t'es toujours le gagnant, même si certains noms de filles sont en réalité des noms de garçons féminisés.

Tu voyais clair dans son jeu. T'étais peut-être coincée, mais loin d'être idiote, tu savais que ce qu'il essayait de faire, et pourtant, ça te plaisait. Tu te sentais quand même coupable d'éprouver ce genre de plaisir alors que ce gars t'avait descendu plus bas que terre à la base. Ton coeur s'était activé en sentant ses doigts courir le long de ton bras, et des frissons t'avaient traversés de toute part.

- Qu'est-ce qui te dit que j'ai tant envie de te connaître ? Lanças-tu avec un regard de défi.

Parce que tu voulais le faire marcher, et que grâce à l'alcool, tu prenais l'assurance que tu n'avais pas à l'habitude. Tu te sentais presque poussée des ailes, comme si tu les avais déployés, que tu avais quitté ta posture de petite fille sage et bien élevée et que tu commençais tranquillement mais surement à montrer un autre visage que toi-même tu ne connaissais pas.

T'es attentif à chacune de ses réactions, tu estimes que c'est la clé de la drague. Le temps de quelques minutes, tu te dois de faire attention à chaque détail pour arriver à ce que tu souhaites vraiment, ce pourquoi tu passes plusieurs heures à faire semblant d'apprécier une personne quand en réalité tu n'en as rien à faire. Il en va de même pour cette jeune femme, son visage angélique te fait perdre la tête le temps de cette soirée et tu n'as qu'une envie désormais, te perdre dans ses bras avant de l'oublier pour toujours. ça se voit, c'est écrit partout sur ton visage. c'est du moins ce que tu penses, ce que tu as envie de croire d'ailleurs. T'es tellement persuadé d'être irrésistible de toute façon que tu te poses même plus la question désormais, c'est juste une évidence. C'est alors que tu viens de pencher près de son oreille, la main posée à plat sur le mur derrière son dos. Tu t'approches d'elle et vient alors lui murmurer quelques mots. J'ai pas raison peut-être ? avant de poser tes lèvres sur sa joue et te redresser, un sourire scotché sur le visage.

T'essayais de rien laisse paraître, ou d'en laisser assez pour qu'il se prenne au jeu, dans ton jeu, dans tes filets, parce que cette fois-ci c'était toi qui allais mener la danse. Tu ne le laisserais pas s'en tirer comme ça, il te ferait plus jamais de mal. T'avais grandis, t'avais appris, et même s'il t'avais brisé, tu essayerais de te battre pour ne pas laisser tes insécurités te guider. Tu profitais de cette nouvelle confiance qui s'insinuait en toi, en vrai, t'aimais bien. Tu pourrais peut-être même commencer à consommer plus d'alcool que prévu, parce que ça te rendait tellement forte, puissante, t'avais plus peur de rien, ça colmatait tous les fissures que tu avais dans le coeur. Tu savais que c'était le genre à tout avoir sur un plateau, qu'il n'avait jamais galéré à avoir du monde autour de lui parce qu'il était charismatique, mais toi, t'étais intelligente.

Ta respiration s'arrêta pendant une demi seconde quand il vint susurrer près de ton oreille. Il était proche. Trop proche. Pourquoi t'avais soudainement envie d'embrasser celui que tu détestais le plus au monde ? C'était surement un effet secondaire de l'alcool. Tu ne le retenais pas quand il déposait ses lèvres sur ta joue, parce que tu voulais juste lui donner une chance d'espérer avant de briser ses espoirs en mille morceaux.

- Peut-être, finis-tu par admettre en te mordant la lèvre inférieure.

Tu t'approchas de lui, quittant le mur où tu étais adossée, tu étais encore plus proche de son corps, de lui. Tu le regardais, trop fière et avec plein d'assurance, tu frôlas ses lèvres avec les tiennes avant que celles-ci ne viennent se déplacer près de son oreille :

- Mais pas ce soir.

Tu l'avais dépassé pour aller te chercher un autre verre, juste histoire aussi de quitter cette tension qu'il y avait entre vous.

Tu veux la rendre folle, tu fais tout le temps, que ce soit avec des femmes ou des hommes, tu fais en sorte de leur faire tourner la tête pour qu'ils ne pensent plus qu'à toi, tu t'insinues dans leurs esprits pour qu'ils te désirent et ne désirent plus que toi et quand ça fonctionne, c'est une victoire personnelle bien plus importante que le simple fait de noter un nom et une note sur un tableau, t'as l'impression d'être encore plus puissant que tu ne l'es, chacun fois un peu plus, et jamais tu ne redescends. T'es le roi de cette université c'est certain et si tu le pouvais, un jour, tu serais le roi du monde. Cette jeune femme et son regard d'enfant te donne envie de jouer, de la faire craquer à son maximum, de la voir te chercher dans les rues de l'université simplement parce qu'elle sera devenue accro à toi, c'est ça que tu veux, que tu espères, parce qu'elle te semble simple à manipuler.

Tu ne bouges pas d'un cil quand elle s'approche de toi. T'as plus de tenue qu'elle, t'es capable de résister aux jolies femmes et à leurs airs, t'es capable de beaucoup de choses, et alors qu'elle effleure tes lèvres des siennes, toi, tu ne fais que sourire. Tu ne peux pas dire que ça ne te fait rien, mais ça te donne juste envie de lui sauter aux lèvres plus rapidement, de l'emmener dans ta chambre et de profiter d'un moment qui ne durera qu'une nuit. Seulement, si ce ne sont pas ses gestes qui te rendent fou, c'est bien vite ses mots que tu ne comprends pas. Pardon ? tu demandes, surpris et un peu tendu d'un coup. Tu te retournes et la rattrape du bras. Attends, tu fais ta chaudasse pour rien, c'est ça que t'es comme meuf toi ? tu maintiens son bras, t'aimes pas les filles comme ça, celles qui se croient au dessus du monde.

Ton geste, ça avait du le heurter dans son égo. Tu aimais ça, à vrai dire, la victime changeait de place. T'étais plutôt fière de toi, tu savais pas qu'en réalité, t'avais ça en toi, cette affirmation qui sommeillait en toi et qui avait toujours rêvé de remonter à la surface. Tu ne pouvais nier que ça te faisait du bien parce que tu comprenais ce que c'était maintenant d'avoir du pouvoir sur les gens, de jouer avec eux, et le sentiment de jouissance que ça procurait. Ou alors, c'était de le savoir si perdu qui te mettait dans cette situation d'enthousiasme, c'était possible aussi. T'allais surement le mener à sa perte, qu'il puisse ne plus rien faire d'autre que de penser à toi et à tes multiples tentatives de rejet à son égard.

- C'est toi qui croit ça, je t'ai jamais dit que j'étais emballée par toi, répondis-tu d'un air nonchalant.

Tu savais que pour moins que ça, il t'avait fait souffrir le martyr ce gars, mais là, t'étais surement un peu protégée au milieu de cette foule. Il voudra surement pas faire éclater sa violence alors que la fête battait son plein. Dans tous les cas, tu ne pensais même plus aux conséquences, l'alcool t'avait déjà fait oublier.

- T'es pas mon style. Tu pourrais l'être mais... Je sais pas. Je te trouve beau, tu vois, mais ça ira pas plus loin entre nous, admis-tu sur le même ton en buvant ton breuvage alcoolisé.

T'avais juste envie de lui dire qu'il avait été à quelques mètres de la ligne d'arrivée mais qu'il était tombé juste avant.

Tu t'attendais pas à ça, à tout mais pas du tout à ça. Tu pensais qu'elle allait te tomber dans les bras, réclamer tes lèvres, peut-être supplier que tu lui accordes quelques heures d'attention, c'est ce que t'as l'habitude de voir, c'est ce que tu crois mériter. Et elle, avec ses airs de petite fille, vêtue comme une adulte qui ne connaît encore rien à la vie, elle se joue de toi et ça ne te plaît pas, pas du tout même. T'aimerais pouvoir la secouer pour lui faire comprendre qu'ici, c'est toi qui décide de tout et de n'importe quoi et qu'elle n'est rien d'autre qu'une fourmi sur ton passage. Alors tu maintiens son bras entre tes doigts, pour lui éviter de s'enfuir. Tu te crois maligne mais tu n'es rien. La preuve, personne à part moi ne t'a parlé ici, personne ne te connaît. Tu n'es qu'une pauvre fille perdue qui se la joue salope avec les gars. C'est bête parce que pour une fois petite poupée, t'aurais eu un peu d'attention. Tu lui aurais fait ce privilège mais en moins de deux minutes, elle vient de perdre tout ce qu'elle aurait pu gagner en passant par la case Diego et c'est tant pis pour elle, ce n'est pas toi qui va la regretter. Alors tu lâches son bras et lui fait un sourire avant de tourner les talons pour te trouver une autre personne à ramasser ce soir, tant pis pour elle.

Tu le connaissais, Diego. Tu savais qu'il ne supportait pas la frustration et qu'il essayait toujours de détruire ceux qui se mettaient en travers de sa route. Tu savais aussi que les personnes les plus méchantes, les plus vils étaient en réalité des personnes en souffrance, simplement, elles avaient tendance à projeter leur mal-être sur les autres, et là, c'était toi le bouc émissaire. Ses paroles te brisèrent, ravivèrent des souvenirs, comme si tes cicatrices s'ouvraient à nouveau. La douleur de ses mots te frappaient, mais t'avais toujours cette confiance, presque cette arrogance nouvelle qui était là et qui faisait bouclier face à tout ça. Ca aurait pu être pire, tu le savais. T'aurais pu pleurer toutes les larmes de ton corps, et là, il se passait rien. Enfin, si. T'avais même un petit sourire. Il ne gagnerait pas.

- J'ai pas besoin d'attention provenant de la part d'un gars lourd dans ton genre, je me suffis à moi-même mais merci d'avoir pensé à moi.

T'étais encore fière de toi, tu avais quitté ton enveloppe de petite fille fragile et tu t'étais dressée contre lui et contre tes peurs. Pour la peine, tu t'étais récompensée avec une longue gorgée d'alcool. Tu vins trouver un groupe de personnes, et tu fis la connaissance de certains, tu rigolais, tu t'amusais, et tu arrivais finalement vite à oublier le comportement destructeur de Diego, même si, tu savais pas pourquoi, t'avais toujours quelques yeux par-ci, par-là, comme si tu le cherchais du regard.

T'aimes pas te retrouver comme un con comme ça, lâché par une petite pimbêche qui ne sait pas ce qu'elle rate mais t'as pas non plus envie de te morfondre ou de lui en vouloir toute la soirée, tant pis pour elle, toi tu peux continuer ta nuit sans trop y penser. Ce genre d'incident arrive peu et forcément, t'as du mal à avaler la pilule, c'est comme si un challenge s'ouvrait devant toi, que tu allais pouvoir te battre un peu et apprécier encore plus la réussite, te lassant peu à peu de cette simplicité que tu rencontres au quotidien avec les femmes. Cette inconnue te semble différente et tu mérites un peu de jouer pour mieux gagner, t'en as même besoin vu les événements des derniers jours. Alors tu passes une dizaine de minutes en compagnie d'une autre fille et finalement, c'est un nouveau verre à la main que tu reviens à la charge. On est pas partis sur une bonne base toi et moi, et c'est dommage. tu expliques alors avant de lui tendre le verre. Bonjour, moi c'est Diego. un sourire aux lèvres, tu te présentes, même si tu sais qu'elle doit déjà connaître ton prénom et peut-être même plus que ça, c'est le cas de tout le monde ici, de tout le monde de cette université.

Soudainement, quand tu l’avais vu partir, tu savais pas vraiment pourquoi mais une partie de toi se sentait soulagée et l’autre vidée, comme si tu allais devoir faire bonne impression et garder ton sourire forcée alors qu’à l’intérieur, t’avais juste envie de craquer. Tu connaissais que trop bien ce sentiment qu’il t’avait longtemps fait subir. Cette envie de te morfondre, de mourir et de ne plus exister tant la douleur psychique était désastreuse. T’avais jamais pu trouver le remède à ça. Mais pour une fois, t’étais plus optimiste sur la suite des choses, car ce genre de gars méritait juste des rejets. En fait, tu lui offrais exactement ce qu’il te faisait. Et tu te rendais compte que ça marchait en plus parce que quelques minutes plus tard, il revint vers toi, prêt à retenter une nouvelle fois.

Il aurait pu s’excuser des mots qu’il t’avait balancé et qui t’avait écorché à vif, mais non, c’était bien trop demander et tu le savais de toute manière. Tu haussas les épaules, pris son verre des mains et lanças à ton tour :

- Tu peux m’appeler Rose.

T’allais pas donner ton prénom en entier, sait-on jamais s’il te reconnaîtrait.

- Si tu me bats au bière pong, peut-être que je te donnerais mon numéro, sourias-tu, joueuse.

Tu contrôlais plus vraiment les mots qui sortaient de ta bouche, ni cette envie de vengeance qui t'embrasait. C'était comme si ton corps prenait feu. Tu en voulais toujours plus, tu voulais le défier, qu'il devienne ta marionnette. Tu savais que tu pouvais y arriver, il fallait juste que tu calmes cette angoisse noire qui habitait ton esprit quand tu croisais son regard. Un regard qui te terrorisait, qui détruisait tous les sentiments positifs qui pouvaient s'immiscer en toi.

Il était passé du gars horrible au gars le plus mielleux de cette soirée. Décidément, il était complètement instable. Mais ça, tu le savais déjà même si c'était la première fois qu'il daignait essayer de faire des efforts pour toi.

Tu lachas un petit rire amusé à sa proposition. Tu n'avais jamais parlé de l'embrasser. Tu savais que de toute façon, tu n'irais jamais au bout avec lui.

- Si je te bats, tu devras accepter le fait qu'une femme te passe sous le nez. T'arriveras à survivre à ça ? Parce que j'embrasse pas les perdants, lanças-tu avec un regard de défi.

Il pouvait toujours rêver. Parce qu'il t'aurait que dans ses rêves les plus fous. Tu t'avancas vers la table rempli de gobelets. Tu remplis six verres d'alcool pour lui et six pour toi. C'était à celui qui buvait le plus de verres qui perdaient. Donc si tu visais bien, il allait sûrement finir encore plus bourré que toi.

- Honneur aux femmes, je commence, sourias-tu.

La tête te tournait, mais tu essayais de te concentrer pour bien viser. Tu lanças la balle de ping pong qui avant de faire un rebond sur la table, s'introduisit dans un de ses verres.

- Ça commence bien ! Affirmas-tu, contente de devoir le voir boire sa futur défaite.

Le mot perdant vint résonner doucement en toi, tu n'étais pas un perdant loin de là. Tu détestais faire partie de cette sous-race de perdants qui n'arrivaient et n'arriveraient à rien dans la vie quand toi, tu seras au sommet de tout. Pire, tu refuses l'idée qu'une fille puisse te battre, peu importe le jeu et peu importe le prix à gagner, c'est ta dignité qui est en jeu et tu te dois de la battre à plate couture. Que le meilleur gagne. tu réponds alors entre tes dents, la laissant installer tout le matériel. Après tout, c'est son idée, ce n'est pas à toi de le faire. Surtout que d'ici quelques minutes, tu auras son numéro de téléphone dans le tien et elle aura compris qui est le maître ici et à quel point elle n'est rien à côté de toi, tu en es persuadé. Je t'en prie, ouvre le bal. un premier jet, une première victoire. Tu souris en voyant la balle atterrir dans un des verres, elle commence fort mais cela ne te fait pas peur. C'est tout souriant (à la Berlin) que tu récupères la balle pour la sortir et la secouer à côté de toi, laissant ainsi les gouttelettes tomber à terre. Récupérant le verre, tu n'attends pas qu'on te le dise et le boit d'une traite, cela ne te fait pas peur. Tu sais pertinemment que tu tiendras bien mieux qu'elle l'alcool et qu'elle peut toujours rêver pour vouloir te battre. Tu laisses ces pensées s'échapper alors que c'est à toi de tirer, quelques secondes de concentration suffisent à ce que la balle tombe dans un des verres quand tu finis par la lancée. A la tienne Rose. tu rétorques alors, tout sourire, prêt à la voir se saouler peu à peu.

T'étais bien assez saoule, et c'était la première fois que tu étais dans cet état, toi qui n'avait jamais bu une goutte d'alcool auparavant. Il avait sûrement plus d'entraînement, c'était pas forcément quelque chose dont on pouvait être fier mais là, ça allait sûrement te défavoriser. Plus tu te deshinibais, plus tu devenais vulnérable aussi.

Alors, tu l'avais regardé boire son verre avec un sourire satisfait avant qu'il n'arrive à viser dans ton verre. Tu levais les yeux au ciel suite à sa remarque et te prêtas au jeu que tu avais lancé. Peut être que la chance du débutant te sourirait, toi qui n'avait jamais fait de jeu de la sorte.

Tu bus d'une traite l'alcool avant de d'essayer de te concentrer. Ça devenait dure mais t'avais réussi à viser dans le verre de justesse. Tu commençais à voir double. Fallait que tu tiennes jusqu'au bout.

- Tu m'auras pas.

Que tu avais dit en le regardant. Non. C'était inconcevable, pas après ce qu'il t'avait fait. Tu devais te battre pour l'humilier à son tour.

Quelques verres ne te font pas peur, la chance du débutant semble lui sourire mais tu sais très bien qui tiendra debout à la fin et ce n'est pas elle, c'est certain. Tu vois déjà qu'elle semble être bien alcoolisée, ce n'est pas une fêtarde, elle le porte sur elle et tu sais déjà que tu vas devoir t'occuper d'elle mais peu importe, tu auras dévergondé une gamine et tu te seras bien amusé, c'est tout ce qui compte. Le reste, ce qu'elle pensera d'elle-même demain, quand elle vomira ses tripes, tu n'en as que faire, ça ne te concerne pas.

La balle rentre dans un de tes verres, tu souris, lève les yeux vers elle. Elle doit être fière mais d'ici un ou deux verres, elle ne sera plus capable de rien. Tu sors la balle, boit le verre d'une traite avant de le laisser tomber au sol. Tu te concentres et vise, la balle rentre parfaitement dans un de ses verres.

Tu essaies de convaincre qui là, moi ou toi ? t'as un sourire arrogant scotché sur les lèvres, t'es tellement fier de toi.

T’aurais du sans doute boire un peu plus durant tes années lycée, ça t’aurait évité de te retrouver avec l’esprit en vrac au milieu d’une foule de personnes qui n’en avaient que faire de ton état. Surtout si tu avais su que cet entrainement aurait pu fermer la bouche à Diego, celui que tu détestais par-dessus tout. Tu ne savais même pas ce que tu fichais là, à vrai dire. Ce n’était pas ton monde. T’avais l’impression d’errer dans un univers qui te semblait inconnu et surtout hostile. Le pire, c’est que tu te rendais de plus en plus vulnérable à mesure que l’alcool pénétrait tes cellules.
Tu essayais de te concentrer, ne désirant pour rien au monde perdre la main face à lui. Tu devais garder une consistance, celle tu n’avais jamais eu avec lui. Tu le regardais avec un air de défi dans les yeux avant de boire d’une traite un énième verre.

- Tu…

Le noir te happait. Tu ne voyais plus les autres, plus Diego, comme si une ombre emplissait au fur et à mesure ta vision, et tu t’écroulais sur le sol. Tu n’avais jamais eu l’habitude de boire autant, peut-être que t’aurais pas du jouer avec le feu.

T'as un sourire amusé scotché au coin de tes lèvres quand elle prend à nouveau un verre dans ses mains, tu sais pertinemment que tu vas gagner ce jeu, tu le vois dans ses yeux qui se voilent peu à peu alors que tu te sens encore parfaitement conscient et bien, ça ne fait aucun doute : tu tiens mieux l'alcool qu'elle et que la plupart des gens dans cette pièce, voire tous.

Si tu t'attendais à ce qu'elle finisse par ne plus en pouvoir ou par te vomir dessus, tu ne t'attendais tout de même pas à ce qu'elle s'écroule à terre sans une possibilité de se rattraper. Et t'es figé, t'aimes pas ça, les faiblards et les faiblardes, les incapables de se tenir debout simplement parce qu'ils ont bu un peu d'alcool. T'as aucune compassion pour elle quand une fille se penche vite pour lui éviter de s'éclater la tête au sol. Ridicule. pour une fois, tu récoltes non pas un regard d'amour de la jeune femme agenouillée devant Rose mais un regard noir. Va l'installer dans une chambre, ferme à clefs et donne-moi la clef, j'irai la surveiller. Tu soupires, t'es obligé en réalité. Cette soirée est la tienne, celle de ta fraternité dont tu es le chef et tu dois absolument montrer l'exemple et aider les autres, si quelque chose venait à mal se passer, tout te retomberait dessus.

Heureusement pour toi, elle ne s'emporte pas plus, elle n'oserait pas de toute façon, un regard noir va déjà lui valoir d'être exclue des soirées pour un bon bout de temps, tu te souviendras d'elle pour sûr, c'est une de tes rares qualité. Tu la regardes, elle, demander de l'aide à certains garçons plus forts que ses bras frêles et ensemble, ils montent Rose à la première chambre avant de redescendre te donner la clef. Tu dois veiller sur elle, c'est ton rôle, éviter que rien ne lui arrive.

Alors de temps en temps, tu remontes à ta chambre et vérifie son pouls, lui passe un gant sur le visage, avant de la remettre en position latérale de sécurité au cas où elle en viendrait à vomir ou à convulser. Tu détestes jouer ce rôle de papa de tout le monde alors que t'es juste plus important qu'eux, et pourtant là tu dois le faire, sans broncher.

T'avais pas prevu ça, et pourtant t'aurais du. T'avais jamais vraiment bu, toi, la fille accro aux livres, accro à la solitude et tout ce que ça impliquait. Tu avais des le depart su que ce n'était pas ton monde, ta manière de procéder et t'étais quand même venue. T'en payais maintenant les conséquences. T'étais tombée, le trou noir t'avais aspiré, laissant sombrer ton esprit dans un sommeil sans rêve. Quand tu te reveillerais, tu savais que tu allais te sentir honteuse, sale, parce que ce n'était pas toi. T'étais vraiment pas la fille que tu avais essayé de montrer ce soir, et pourtant, t'avais aimé ça, cette impression de ne plus avoir peur, d'être invincible face à ton pire ennemi.

Tu entendais des voix, mais c'était comme si il y avait un filtre tout autour de toi. C'était des bruits sourds qui te parvenaient sans que tu puisses vraiment les décrire et les assimiler.

Quelques heures s'étaient écoulées, tu avais ouvert les yeux difficilement, ressentant un énorme mal de tête qui te paralysait limite les membres, et tu ressentais une grosse envie de rejeter le contenu de ton estomac. Tu regardais autour de toi, tout semblait flou, mais tu voyais quelqu'un, près de toi. Tu arrivais a découvrir les traits de Diego.

- Pourquoi t'es là ? T'as gagné, t'es content ? Lâchas-tu d'une voix vaseuse.

Tu ne restes jamais bien longtemps à son chevet, seulement quelques minutes histoire d'assurer que tu t'eno occupes correctement aux yeux de tous, l'inconvénient de tes responsabilités. Si ça n'avait tenu qu'à toi, tu l'aurais simplement laissée là et ne t'en serais pas intéressé, c'est ce qui ce serait passé si cette fête n'avait pas été organisée par tes soins. Dans un tel contexte, tu dois assurer et rassurer tout le monde et c'est en jouant au bon samaritain bien que rien en toi ne soit sincère que tu arrives à garder la confiance de chacun.

Cette fois-ci, tu restes suffisamment pour la voir se réveiller, tout ce que tu aurais préféré éviter d'ailleurs. Un autre garçon que toi, certainement, serait rassuré de la voir vivante, voudrait peut-être même s'occuper d'elle pour le reste de la soirée. Toi, en revanche, t'es simplement content de pouvoir lui répondre, parce que oui, tu as gagné. Très content, tu dois me donner ton numéro je te rappelle. Tu éludes sa première question, ça semble plutôt évident que tu veilles sur elle, sûrement qu'elle avait besoin de l'entendre, peut-être qu'elle voulait te voir apparaître comme un chevalier servant, mais tu laisses cette pensée pour ses rêves les plus fous. Du coup j'ai déjà rentré mon numéro dans ton portable et je me suis envoyé un message. Pari gagné, récompense gagnée. Tu lui montres ton téléphone, son contact où tu as affiché une photo d'elle, endormie, que tu viens de prendre. T'es fier de toi, t'es con mais t'es fier. Tu peux redescendre ? Pas trop envie que tu vomisses dans mon lit tu vois. Tu demandes alors, revoyant bien vite tes priorités.