meant to be together (rp7)

Alessya n’avait pas envie de tirer une croix sur Ugo mais le sort semblait s’acharner sur elle. Finalement, peut-être qu’ils n’étaient pas fait pour être ensemble, car à chaque fois qu’ils se retrouvaient, une bombe leur tombait dessus. Ca la déchirait de devoir s’éloigner de l’homme pour qui elle avait des sentiments, trop de sentiments naissants, mais c’était comme ça. Elle ne pouvait pas essuyer une nouvelle peine de coeur et Ugo avait l’air d’être ce genre d’hommes aux vues de tout ce qu’il lui avait fait subir. Et malheureusement, plus le jeune homme la rejetait, plus elle s’accrochait. C’était plus fort qu’elle, mais là, elle luttait intérieurement pour fuir et pour ne pas succomber comme toujours à ses charmes.

Il la retint par le bras et à ce moment là, Alessya pensait vraiment qu’il reviendrait sur ses mots et qu’il allait lui annoncer qu’il avait agit comme un con, mais pas du tout. Il continuait d’agir comme s’il ne la connaissait pas. Voilà qu’il lui faisait comprendre qu’elle n’avait pas les idées en place, qu’elle avait besoin d’aide. Alessya ne savait pas si elle devait rire ou encore plus pleurer. Parce que sa douleur coulaient toujours sur ses joues.

- C’est toi qui a besoin d’aide, Ugo. Je sais pas ce que tu es en train de me faire, mais arrête tout de suite, lâcha-t-elle d’une voix brisée.

Il désira lui confier son numéro de téléphone que Alessya connaissait évidemment très bien, et là, il se rendit compte qu’il n’arrivait pas à taper son code. Elle écarquilla les yeux.

- Ah parce que tu étais sérieux ? Tu te souviens de rien du tout ? Mais c’est impossible. Ou alors si c’est le cas, tu viens avec moi à l’hôpital ! Lança-t-elle, paniquée.

Elle était entre plusieurs émotions en cet instant : la peine, la peur et la tristesse. Et si Ugo était réellement parti ? Et si tout ce qu’ils avaient vécus n’existaient plus dans son esprit ? Elle se sentirait anéanti. Ces souvenirs, c’était tout ce qui la rattachait à la vie.

T'as beau te creuser le cerveau du mieux que tu le peux, aucun souvenir ne te revient en mémoire, rien, même pas une chose. T'arrives pas à te souvenir des tes parents, de ton âge, de ce que tu fais, de la maison de ton enfant, de ta maison d'aujourd'hui, de la personne que tu aimes, des enfants que tu as peut-être. Tu réfléchis à plein de choses qui pourraient être possibles mais t'es pas capable de te souvenir de ce qui est réel pour toi, à part ton prénom, ce qui est déjà une très bonne chose, il faut l'avouer. Non pas l'hôpital, pas l'hôpital c'est pas la peine. T'as peur, oui t'as peur mais à l'intérieur de toi, le mot hôpital te semble pire. Tu sais pas pourquoi, t'as pas le souvenir d'y être allé, tu sais pourquoi ça te fait peur mais la simple idée d'y mettre un pied commence à te bouffer les entrailles tout doucement. Pas l'hôpital, s'il vous plaît. Pas l'hôpital. tu demandes simplement, suppliant presque du regard. T'es prêt à faire tous les efforts du monde pour comprendre ce qui t'arrive mais pas voir un médecin, ça tu sens que t'en es pas capable et pourtant, t'arrives toujours pas à voir ce qui a pu te traumatiser à ce point, c'est comme si ta vie tout entière venait de recommencer, tu ne sais pas où tu es et ce que tu fais, t'es juste paumé au milieu du monde. J'ai la tête qui tourne. tu fais alors remarquer, ne te sentant pas bien. C'est juste beaucoup trop à supporter pour toi tout seul, t'es pas capable de supporter ce qui t'arrive sans comprendre qui tu es et ce que tu fais alors forcément, tu commences à te sentir tomber, t'as l'impression que tu vas tomber dans les pommes de panique, de peur, d'inquiétude, de tant de sentiments mélangés que ça commence à faire beaucoup trop.

Alessya essayait de comprendre que ce n’était pas à cause d’elle qu’Ugo réagissait comme ça, qu’elle n’y était pour rien, que ce n’était pas pour l’éviter ou la rejeter mais qu’il subissait vraiment une amnésie totale, sans cause apparente. Ce n’était pas comme s’il avait consommé de la drogue, elle avait été avec lui donc elle aurait pu en témoigner. Non, ce n’était pas explicable, et c’était surtout inquiétant. Elle essayait d’oublier qu’il venait juste d’induire le deuil de leur relation dans le coeur de la blonde, parce qu’il ne restait que de simples petites preuves de ce qu’ils avaient vécus, mais seulement dans sa tête, rien d’autre.

Il refusait d’aller à l’hôpital, d’aller voir un médecin, soit qu’elle ne savait pas quoi faire de plus. Il avait maintenant mal à la tête, et ne se sentait pas bien. En même temps, ça devait faire beaucoup pour lui, s’il ne jouait pas la comédie parce qu’Alessya trouvait ça gros quand même.

- Je sais où tu habites, je vais t’amener chez toi, répondit-elle en posant sa main sur son dos qu’elle caressa. Respire, et calme-toi, je suis là, ajouta-t-elle en essayant de le rassurer.

Même avec toute la douleur qu’elle ressentait à l’intérieur, elle faisait toujours passer Ugo dans ses priorités, sans pouvoir s’en empêcher parce qu’elle tenait bien trop à lui quand bien même elle luttait toujours pour tout ce qu’elle ressentait. D’ailleurs, elle se rendait compte qu’elle ne pouvait plus le lâcher là, vu la situation qui se tramait sous leurs yeux. Elle ne serait pas tranquille si elle partait comme ça, ne sachant pas comment il serait plus tard dans la journée.

C'est une situation compliquée que tu as du mal à gérer, à comprendre et à supporter. Ton coeur bat à toute allure, c'est comme s'il allait faire exploser ta cage thoracique d'une minute à l'autre, tu n'en serais pas surpris en tous cas. T'aimerais simplement qu'on t'explique ce qui t'arrive, qu'on t'explique comment tu as pu oublier toute ta vie, jusqu'à ton âge, jusqu'à ce que tu fais ici, jusqu'au nom de tes parents, tu aimerais simplement te réveiller de ce cauchemar et reprendre ta vie là où elle s'est arrêtée, même si tu n'as aucune idée de ce qu'elle était. Tu écoutes la blonde à tes côtés, soupires d'aise sous sa caresse qui vient doucement t'apaiser. T'as pas envie qu'elle te laisse parce que pour le moment, elle est le seul visage familier bien que tu ne la reconnaisses pas. D'accord oui, vous resterez avec moi ? tu demandes, presque comme une supplication, parce que tu ne sais pas quoi faire et t'as peur de te retrouver seul alors que tu ne sais même pas où tu es et ce que tu dois faire, c'est le trou noir et le trou noir, ça t'effraie. Vous êtes qui ? tu demandes alors que les éléments se mettent en place, que tu réalises qu'elle semble te connaître et qu'elle peut peut-être à comprendre ce qui se passe dans ton cerveau en ce moment. J'ai pris de la drogue c'est ça ? tu poses une deuxième question, t'as que des questions dans la tête, tu sais tellement pas ce qui t'arrive, tu peux rien affirmer parce que tu ne sais rien du tout.

C’était une bonne question, qui était Alessya pour Ugo ? Sa psychiatre, son amie, une connaissance, ou quelque chose d’autre ? Impossible de définir leur relation sans la placer dans une mauvaise catégorie, car elle n’en possédait aucune. Elle ne savait pas vraiment quoi lui répondre, est-ce que ça valait le coup de lui dire qu’elle était sa psychiatre, et qu’il vienne à comprendre qu’il avait des problèmes ? Qui sait peut être qu’il n’aurait plus à subir la disparition de son meilleur ami. Le choix était difficile à faire.

- Bien sûr, je vais pas t’abandonner, assura-t-elle. Je crois que je suis aussi perdue que toi sur ce que je suis pour toi, et que je saurais jamais du coup. Tu… Tu venais de me dire « je t’aime » en autre tout à l’heure… souffla-t-elle, espérant lire dans son regard qu’il se souvenait.

Elle fit glisser sa main de son dos à son bras avant qu’il ne revienne près de sa hanche.

- Non, tu n’as pris aucune drogue, je peux pas l’expliquer... haussa-t-elle les épaules, inquiète. Viens, je vais te conduire chez toi, ajouta-t-elle en se dirigeant vers sa voiture.

Alessya se rangea derrière son volant avant de faire tourner le moteur pour quitter cet endroit qui malheureusement était maintenant teintée par toutes les émotions qui l’avait traversée.

- On trouvera ce qui t’est arrivé, je te le promets, dit-elle pour le rassurer.

Elle s’inquiétait quand même pour sa santé mentale, en espérant qu’il irait bien malgré ses trous de mémoires. Elle ne comptait pas le lâcher, et se rendait compte qu’elle tenait bien trop à lui pour simplement lui tourner le dos. Il était maintenant quelqu’un d’important dans sa vie, même si elle aurait désiré qu’il passe son chemin comme tous les autres qui avaient très vite désertés sa vie.

Tu regardes cette femme à qui tu as apparemment dit des mots forts, un je t'aime dont tu ne te souviens pas et qui pourtant, a sans aucun doute une signification forte. Tu essaies de réfléchir, de te souvenir, ce sont des mots importants, tu ne peux pas avoir oublié comme ça en un claquement de doigts, ça n'est pas possible. Et pourtant, c'est le cas, tu ne te souviens pas, tu as beau essayé de te retourner le cerveau dans tous les sens, rien ne te vient, tu ne lui as pas dit ces mots, ou du moins, tu ne t'en souviens pas. Je suis désolé je... tu ne vois pas, tu ne te rappelles pas et tu t'en veux parce que tu vois son regard, cet espoir dans ses pupilles, et t'es pas capable de lui donner ce qu'elle veut, t'es pas capable de comprendre qui elle est exactement pour toi et à quel point tu as ressenti de l'amour pour vouloir le lui dire. Elle t'assure que tu n'as pris aucune drogue, ce qui en devient presque plus inquiétant. Tu aurais préféré trouver une explication rationnelle à toute cette histoire, une prise de drogue aurait certainement été une bonne explication mais si ça n'est pas le cas, tu ne sais pas du tout ce qui a pu se passer, c'est le trou noir et c'est effrayant. Tu la suis, tu hoches la tête, c'est con mais tu ne sais même pas où tu habites et tu te sens ridicule de ne pas être capable de te repérer dans les rues de la ville, de ne pas savoir à quoi ressemble l'endroit où tu vis. Tu l'écoutes sans répondre, tu ne vois pas quoi dire, tu ne sais pas si vous pourrez un jour comprendre ce qui t'arrive, ni si tu vas recouvrer la mémoire un jour, t'as peur de façon continue, cette peur refuse de s'en aller et de te laisser tranquille. Vous vous appelez comment ? tu oses demander, parce que même ça, même un détail aussi insignifiant que le prénom de la personne qu'apparemment tu aimes, tu es incapable de le trouver par toi-même, il ne te revient pas, tu n'en sais rien. Tu connais seulement ton prénom et c'est tout, tu ne sais même pas ton âge, ton métier, tes études, l'endroit où tu vis, ta famille, rien du tout.

Elle aurait vraiment préféré perdre sa mémoire à la place d'Ugo. Ça lui aurait évité d'avoir cette douleur lancinante qui irradiait dans sa poitrine, ça lui aurait permis d'oublier les mauvais souvenirs qui prenaient plus de place dans son esprit que les bons. Elle pouvait compter sur les doigts d'une main les jours où elle avait pu sourire et profiter de la vie, et elle ne comptait même plus toutes les choses qui avaient pu la briser. Peut être que ça aurait été mieux finalement, de recommencer à zéro. Cependant, elle se doutait que d'être en proie face à un reflet qu'on ne reconnaissait pas pouvait être plus que perturbant voire angoissant. Elle pouvait sentir cette émotion chez Ugo. Elle n'aimait pas le voir comme ça. Mais d'un autre côté, il était toujours un peu angoissé. Si ce n'était pas à cause de sa perte d'identité c'était à cause de son meilleur ami défunt qui venait le tourmenter.

Alessya se doutait de sa réponse quelque part. S'il ne se souvenait même pas de son propre prénom, comment pouvait-il se rappeler de ses derniers mots ? Pourtant, elle aurait vraiment voulu en cet instant pouvoir lui renvoyer les mêmes mots qu'il lui avait dit. Mais elle ne pouvait pas le déstabiliser davantage. Pas maintenant qu'il était redevenu un inconnu pour elle.

- C'est pas grave, peut être qu'un jour ça va te revenir, j'espère en tout cas, haussa-t-elle les épaules en feignant l'indifférence.

Quand ils se dirigèrent vers sa voiture, il lui demanda son prénom et cela ressemblait à un coup dans le ventre.

- Alessya.

Elle l'invita à prendre place côté passager et se dirigea vers son appartement.

- T'es informaticien, et je suis venue te voir pour un problème avec mon ordi c'est comme ça que je sais où t'habites. Tu as une sœur, paraît-il. Une belle blonde avec qui j'ai cru que tu avais une relation, soupira-t-elle.

Elle cherchait à le rassurer et à lui signifier qu'il n'était pas seul.

Tu aimerais pouvoir te souvenir mais tu en es totalement incapable et ce, malgré tes efforts intérieurs pour retrouver une mémoire complètement perdue. La jeune femme reste avec toi, tel un réel soutien, tu te doutes qu’elle doit en souffrir également, qu’elle ne doit pas comprendre ce qui se passe. Quelques minutes auparavant, d’après ses dires, tu lui parlais d’amour et désormais, tu n’es même pas capable de te souvenir de son prénom, encore moins de ces mots que tu as probablement prononcé pour une raison. Elle est belle et toi, ça te va d’aimer une femme comme elle même si tu ne t’en souviens pas, tu comprends pourquoi et comment tu as pu tomber amoureux, tu ressens même encore un pincement dans le coeur à la simple idée d’y penser mais la peur de ne pas comprendre ce qui t’arrive est bien plus forte, bien plus présente et prend le dessus sur tous les sentiments positifs que tu pourrais ressentir par ailleurs. J’espère aussi. tu chuchotes, gêné, mal à l’aise, tu t’en veux de ne pas te souvenir d’elle, tu te trouves stupide, tu as l’impression d’être un enfant. Mais même avec tous les efforts du monde, ton cerveau refuse de coopérer avec toi, il te laisse dans ce vide, ce noir profond où aucun souvenir ne te vient. Alors tu lui demandes son prénom, tu te doutes que ça aussi ça doit la blesser, tu serais probablement dans le même état dans le cas contraire, mais tu as besoin de te créer de nouveau souvenirs, d’en savoir plus sur elle, comme avant même si tu te doutes que c’est loin d’être comme avant.  Son nom est doux, il te plaît, il glisse dans ton oreille comme une douce mélodie, tu aimes les sons que le prénom Alessya fait, tu souris. C’est très beau. tu chuchotes alors. Bien vite, elle t’en apprend plus sur toi, des choses que toi tu ne sais pas. Tu apprends ton métier, et tu es surpris parce qu’incapable de savoir ce que tu peux faire avec un ordinateur, ce que tu dois faire, tu n’y connais plus rien quand autrefois tu étais un véritable professionnel dans ce domaine. Tu apprends que tu as une soeur et encore une fois, c’est une douche froide, tu ne te souviens même pas d’elle, de celle qui partage ton sang et dont tu ne te rappelles pas le prénom. Tu aimerais pouvoir recouvrer la mémoire d’un coup, oublier cette perte de mémoire, reprendre ta vie là où elle en était. Combien de fois, alors que tu te souvenais de tout, tu as souhaité tout oublier ? Tu ne t’en souviens pas aujourd’hui et pourtant, tu priais des fois la nuit dans ton lit dans l’espoir d’oublier pour toujours ces images qui te faisaient du mal. Aujourd’hui, c’est le contraire, tu serais prêt à prier pour retrouver un semblant de mémoire. Tu en sais plus sur moi que moi, c’est… perturbant. Tu avoues en soupirant, c’est une situation ridicule tu trouves. Mais tu n’as pas le temps de trop y réfléchir qu’une autre voix parvient à tes oreilles, une voix d’homme, une voix que tu ne reconnais pas mais qui vient te faire frissonner. Pourri le coup de la perte de mémoire pour qu’elle s’occupe de toi. Fallait pas lui dire que tu l’aimes si t’assumes pas. Tu sursautes, tournant bien rapidement ton regard vers la blonde. C’était quoi ça ? Tu demandes alors, gardant ton regard sur elle, effrayé, intrigué, perdu.

L’air de rien, Ugo avait l’air plus apaisé, moins sur la défensive qu’à son habitude. Alessya le sentait pus proche d’elle, c’était bizarre, peut-être parce qu’il n’avait plus connaissance du tumulte de leur relation, et qu’ils étaient simplement deux étrangers qui apprenaient à se connaître. Elle n’avait pas envie de faire de vagues et de le forcer à aller consulter un neurologue, mais son état l’inquiétait quand même. Elle n’avait jamais vu ce genre de cas, si ce n’était dans un trouble de personnalités multiples, et encore il n’y avait une perte totale de mémoire. Elle ne savait pas encore si c’était d’ordre psychiatrique ou physiopathologique mais il y avait sûrement une explication plausible à tout ça. Elle espérait simplement que ce n’était pas vasculaire, mais si cela avait vraiment été le cas, il aurait eu des symptômes physiques beaucoup plus voyants comme une perte de capacité physique, une incapacité de parler ou de comprendre l’interlocuteur, une paralysie d’une partie de son visage, et rien de tout ça ne le concernait. C’était déjà ça.

Elle souria lorsqu’il la complimenta sur son prénom, c’était toujours agréable d’entendre des compliments provenant de lui. Elle était toujours cette petite fille timide et à la fois révoltée avec lui.

- Tu sais, je sais pas grand-chose sur toi. Tu parles pas beaucoup. D’ailleurs, t’as jamais autant parlé qu’en cet instant, j’ai l’impression, lança-t-elle entre la plaisanterie et le sérieux.

Concentrée sur la route au volant de sa voiture, elle avait quand même pu percevoir du coin de l’oeil le sursaut d’Ugo qui lui demandait ce qu’il se passait. Elle ne savait pas de quoi il voulait parler.

- De quoi tu parles ? Demanda-t-elle, en fronçant les sourcils, inquiète.

Tu n'es pas capable de te souvenir de ta façon de réagir d'avant, de savoir comment tu pensais et réfléchissais mais tu te sens apaisé en sa présence, bien qu'inquiet face à tout ce qui t'arrive, c'est totalement naturel. Tu aimerais savoir ce qui t'arrive et résoudre rapidement le problème mais en même temps, tu arrives à te sentir bien en compagnie de Alessya, à sentir qu'elle peut te protéger et t'aider et tu sens doucement les battements de ton coeur ralentir. Alors tu discutes avec elle, pour toi c'est normal de discuter, t'as pas de souvenirs de ces temps où tu refusais la discussion, pire, où tu la fuyais par peur de trop en dire, par peur de perdre ce que tu avais, ton meilleur ami dans ta tête. Aujourd'hui, tous ces faits se sont envolés, tu ne sais plus rien et tu dois faire avec, tenter de te construire tes propres pensées alors que tu n'es pas capable de savoir qui tu es vraiment. Je suis comment alors ? tu demandes alors, comme pour avoir une base, comme par peur de devoir recommencer à zéro une vie et un caractère, trouvant plus simple de se calquer sur le toi dont tu n'as aucun souvenir.
Mais bien vite, tout cela devient futile, tu entends une voix et de par les paroles, tu comprends vite qu'elle t'est adressée, une voix d'homme qui vient te provoquer tout un tas de choses en toi, tout d'abord de la peur mais bien vite, une sorte de plénitude, un bien-être que tu ne comprends pas, une tristesse également, des sentiments que tu ne peux contrôler, des sentiments forts qui prennent le pas. Tu regardes Alessya, elle ne voit pas de quoi tu parles. L'homme qui vient de parler. t'expliques alors, suspect. Est-ce qu'un homme est caché dans son coffre ou est-ce que tu viens seulement d'entendre la radio à laquelle tu n'avais pas fait attention ? Peut-être même était-ce dehors, tu n'en sais rien mais ce que tu ressens te force à vouloir encore l'entendre, encore ressentir cette chaleur en toi.

Alessya se voyait impuissante face à cette situation qui lui échappait complètement. Prise dans un brouillard, elle avait l’impression de se battre contre du vent, de ne pouvoir rien faire d’autre que d’attendre un déclic. Un déclic. Était-ce vraiment le mot pour cette situation ? Parce que cela sous-entendait que le problème venait de lui, mais il avait l’air totalement endogène, en dehors de la volonté d’Ugo.

- C’est compliqué de te décrire. T’es silencieux, réservé, tu m’as pas habitué à beaucoup parler, mais c’est pas quelque chose que je regrette chez toi. T’es très intelligent, et sensible aussi, et je dois avouer que ça te donne beaucoup de charmes. C’est sans doute pour ça que j’ai eu du mal à me détacher de toi. J'y suis pas du tout arrivée, avoua-t-elle en soupirant.

Peut-être que sa perte de mémoire rendrait les choses plus faciles tout compte fait, même si ça briserait leur lien si spécial. Elle n’avait pas envie de perdre ça, même si ça lui faisait du mal, parfois, ça faisait encore plus mal de décrocher. Et là, elle avait ce douloureux sentiment qu’Ugo pouvait lui échapper puisqu’il n’avait plus aucun souvenir d’elle.

Elle tourna la tête vers Ugo, sceptique par ce qu’il venait d’émettre.

- Il n’y aucune autre personne que nous deux dans cette voiture.

Puis, elle comprit. Ses hallucinations revenaient. Son coeur se mettait à battre plus rapidement sous l’effet du stress. Elle se gara devant chez lui, et en sortant de la voiture, ajouta :

- C’est ici chez toi. J’espère que t’as tes clefs. Je… je sais que ça peut te paraître bizarre, mais il faut que je reste avec toi, Ugo. Pour ta sécurité.

Et aussi parce qu’elle en crevait d’envie, mais ça, elle n’oserait pas le dire de peur qu’il ne la prenne pour une folle. Il fallait qu’elle se mette à sa place, et là pour le moment, ils se connaissaient que depuis quelques minutes.

C'est étrange de se dire que cette femme que tu ne reconnais pas sait beaucoup plus de choses sur ta propre personne que toi-même mais malheureusement, cela semble être le cas et tu dois t'en acclimater du mieux que tu le peux, en lui demandant des informations sur toi, sur ce qu'elle peut savoir. C'est agréable d'entendre des choses positives et pour le moment, ce sont les seuls adjectifs qu'elle utilise, ce qui en vient à faire rosir tes joues sous la gêne. Tu ne peux pas savoir si elle aurait parlé aussi franchement si tu te souvenais d'elle, parce que tu n'es pas capable de la décrire comme elle le fait avec toi mais bien que ça soit gênant, c'est agréable d'entendre du positif sortir de sa bouche, de te rendre compte que tu n'es pas un mauvais garçon d'ordinaire, que cette jolie femme semble t'apprécier. Je sais pas trop quoi te répondre. tu souffles alors, un léger sourire aux lèvres, encore touché par les mots de la jeune femme qui viennent encore résonner dans ta tête et réchauffer ton coeur.

Mais ces petits battements sont bien vite arrêtés par la peur que tu ressens en entendant une autre personne, directement dans la voiture ou du moins, c'est l'impression que cela t'a donné. Si cela t'a fait peur, la peur ne reste pas longtemps, comme si ton coeur sentait que tu n'avais pas à t'en faire. Et quand Alessya à tes côtés te fait comprendre que vous êtes seuls, tu hausses les épaules, ce devait être à l'extérieur tu n'as certainement pas à t'en faire.

Elle gare la voiture alors tu passes la tête près de la fenêtre pour regarder, tu ne reconnais pas, ne te souvient pas avoir foulé ces trottoirs bien qu'apparemment, ce lieu soit chez toi. Tu la regardes, un peu perdu. Tu ne sais pas vraiment si tu as envie. Pourquoi pour ma sécurité ? Je vais juste me poser chez moi et ce sera bon. tu expliques alors, sans te soucier de quoique ce soit. Tu soupires un peu, hausse les épaules et cherche dans tes poches la potentielle clé de la maison que tu trouves et sort. Je l'ai. tu réponds alors avant de sortir de la voiture pour te retrouver devant l'immeuble. Tu n'es pas obligée de rester tu sais, je vais dormir et ce sera sûrement passé. tu essaies de t'en convaincre toi-même, pour ne pas laisser l'angoisse trop prendre part de toi alors qu'au fond, tu es effrayé à l'idée d'avoir perdu ta mémoire et de ne pas comprendre ce qui se passe.

Elle essayait de ne pas craquer, de ne pas sombrer dans un torrent de larmes mais le comportement d'Ugo la touchait énormément. Elle, qui arrivait facilement à se détacher des autres, des sentiments qu'elle leur conférait, souffrait en cet instant de tout ce qu'elle avait en elle pour Ugo. Alessya avait peur pour Ugo. C'était viscéral, comme si son corps parlait à la place sans que sa tête ne puisse réellement contrôler tout ce qui se passait.

Elle lui avait dit tout ce qu'elle ressentait pour le Ugo qu'elle connaissait, et sa réaction la brisait un peu plus intérieurement. Evidemment qu'il ne pouvait rien répondre, mais Alessya y croyait encore, ne semblant pas réaliser qu'Ugo était réellement parti. Peut-être que c'était une sorte de punition pour tout le mal qu'elle avait causé autour d'elle.

En arrivant chez lui, il lui avait dit qu'elle n'était pas obligée de rester. C'était vrai. Mais la blonde avait ce besoin. Juste pour s'assurer qu'Ugo reviendrait et reprendrait place dans son corps. C'était surement naïf, mais elle ne pouvait pas l'abandonner comme ça.

- Ca me gêne pas, souria-t-elle tristement.

Elle s'introduisit avec lui dans son appartement, passant ainsi la nuit avec lui.