Broken promise

Comme à son habitude, Rio était parti avant toi du travail. Tu t'en fichais en réalité, parce que tu comprenais qu'il était crevé et il valait mieux qu'il finisse plus tôt qu'il reste là, les bras ballants à te regarder. T'avais avancé un peu, puis à force de penser à votre conversation, à tes sentiments qui te traversaient de toute part, t'avais juste laissé tomber et t'étais rentrée chez toi.

T'avais pas appelé ton nouveau plan, t'étais pas capable de penser à quelqu'un d'autre que Rio en fait, donc ça servait à rien. T'aurais du jouer un rôle et t'étais pas prête de t'imposer ça aujourd'hui. T'avais laissé la nuit passée avant de travailler vite fait sur tes plans avec Rio le lendemain et tu l'avais laissé pour te préparer afin de venir à la soirée mondaine. Tu soupirais à cette idée, t'avais pas envie d'y aller, mais t'allais le faire pour votre projet.

Tu t'étais apprêtée d'une belle robe qui dessinait tes courbes. Fallait te mettre en valeur même si tu gardais toujours en tête que Rio trouvait que t'avais grossi. T'avais jamais eu de complexe à la base, mais là, la vision que tu avais de toi-même était influencée par ses mots. Tu te trouvais surement trop épaisse dans cette robe, mais t'avais pas le temps de te changer. Fallait que tu y ailles.

T'étais venue à son hôtel en voiture, et tu lui avais envoyé un message pour qu'il vienne te rejoindre. T'avais trop peur de monter dans sa chambre et de le croiser avec une autre fille. T'avais peur de sombrer, de défaillir, de te sentir mal et pas la hauteur. Elles étaient belles, et elles avaient des courbes de rêves qui faisaient surement plus flancher Rio que les tiennes.

Comme prévu, tu t'es retrouvé dans ton lit pour simplement dormir et il faut avouer que ça t'a fait le plus grand bien, il était temps que tu profites un peu d'un sommeil réparateur bien mérité avant de devoir sortir à nouveau, et cette fois-ci, pour le travail. T'as passé la journée à dormir, la nuit également, cumulées les heures ont défilé mais ça t'a fait du bien, tu te sens prêt au réveil à reprendre le travail, tu n'as d'ailleurs même pas besoin que quiconque vienne te réveiller, tu es sur tes pieds en un rien de temps.

De nouveau pourtant, tu rentres tôt, tu viens régler quelques détails avec Tokyo mais le reste du travail peut se faire dans ton lit ou dans ta baignoire et tu ne t'en prives pas, bien que tu commences à stresser peu à peu quant à la soirée où vous devez vous rendre afin de rencontrer de riches personnages présents sur l'île ou dans les Caraïbes en général.

Tu es apprêté quand l'heure arrive, il ne reste pas beaucoup de temps avant que tu n'en viennes à recevoir un message de Tokyo et tu t'assures sous toutes les coutures que tu es suffisamment beau pour apparaître à ses côtés, et surtout pour l'impression un peu, tu ne veux pas qu'elle garde en elle l'image du toi de ces derniers jours, le Rio con et égoiste que tu es devenu l'espace de quelques semaines. Dès que tu reçois le message, tu récupères ta veste du costume et descend la rejoindre, t'es plutôt classe dans ton costume et ça te fait bizarre de te voir porter ce genre de choses mais t'es plutôt satisfait, tu serais presque aussi beau que le jour de ton presque mariage.

Seulement, quand tu la rejoins, c'est toi qui te retrouve sur le cul. Elle est si belle ta Tokyo que tu peux pas t'empêcher d'afficher un sourire immense sur tes lèvres quand tu viens la rejoindre. Tu aimerais te taire et faire comme si de rien n'était mais t'en es complètement incapable.

Putain ce que t'es belle.

Ça t'échappe, t'as rien d'autre à dire, elle est juste magnifique, plus belle que toutes les femmes que tu pourras jamais avoir dans ton lit, y'a pas comparable de toute façon. Y'a la reine, Tokyo et le peuple, et toi t'as vraiment envie de retrouver la reine.

T'espérais que votre déplacement valait le coup, après tout, y'avait pas mal de chance de tomber sur des futurs clients et puis, vous, vous aviez besoin de porte monnaie garnie là. Alors, t'allais tenter cette chance, t'avais pas peur des défis en espérant que ce serait le bon choix.

Tu l'avais vu arriver, et ton coeur loupa un battement. Tu le trouvais séduisant dans son costume, ça lui donnait un air plus mature que tu n'avais pas pu lui donner ces derniers temps. Il t'impressionnerait toujours par son attitude, et tu pouvais pas nier, tu aimais ça. Tu te sentais poussée des ailes quand il t'avait complimenté, même si t'essayais de paraître la plus naturelle possible.

- T'es pas mal non plus dans ton genre. Ca te va bien.

T'avais souris en retour, tentant de ne pas trop abuser sur les compliments pour ne pas lui ouvrir la grande porte de ton coeur dans laquelle il s'introduirait pour y semer le bazar. Tu te rangeas derrière ton volant et prit la direction de l'immense villa où se déroulerait la soirée. Tu stressais pas, tu savais que tu pouvais être convaincante. Et t'avais envie de croire aux mêmes possibilités pour Rio. T'aurais surement du mal à détacher ton regard de sa personne. Tu te sentais encore attirée vers lui comme un aimant, c'était vraiment déstabilisant.

Tu sortais de ta voiture, et tu regardais Rio.

- On fera pas tard, faut qu'on s'occupe des plans demain.

Tu savais pas ce qui t'attendait encore derrière ces murs immenses. Tu t'avançais vers la maison près de Rio, t'aimais le savoir près de toi, c'était comme avant, t'avais pas envie de le lâcher. Et pourtant, vous n'aviez plus la même relation.

Son petit compliment te fait chaud au coeur, t'aimes toujours entendre ça de sa bouche même si tu ne fais plus aucun effort pour qu'elle te trouve beau ou séduisant ou quoique ce soit de positif, tu te laisses simplement aller en ce moment et ce soir est l'exception, ce soir, tu es heureux de parader à ses côtés en belles tenues, tu pourrais presque avoir l'impression que vous êtes de nouveau en couple, mais ce n'est pas le cas et ça ne le sera probablement plus jamais, c'est en tous cas ce que tu as en tête quand vous vous dirigez vers la maison où se tient la réception. T'es un peu stressé toi, tu es là pour Tokyo et tu appréhendes, c'est sûrement pour ça que t'as caché une arme coincée entre ta peau et ton pantalon, t'as pas l'intention de te laisser marcher sur les pieds si certains en viennent à vous reconnaître.

Pas de soucis, je te suis moi de toute façon. Enfin, on devrait quand même pas rester ensemble.

A deux, vous êtes sûrement plus reconnaissables que seuls et même si ça t'embête de devoir passer toute la soirée séparé de Tokyo, c'est pour le bien du travail et surtout, de votre sécurité.

Si t'as un problème, tu me préviens surtout.

Tu sais pas trop ce que tu feras mais si tu dois tirer pour qu'on arrête de l'emmerder, tu en seras capable, elle est ton tout et t'as pas l'intention de ne pas assurer sa protection, ce n'est peut-être plus ton rôle mais t'arrives pas à t'en détacher. Tu la laisses alors passer, avant de suivre quelques minutes plus tard. D'un regard, tu balaies la pièce, observe les gens et ceux que tu dois aborder. Peut-être des femmes, après tout, autant allier travail et plaisir. C'est sur ces pensées que tu te diriges vers une jeune blonde, seule, un verre à la main, prêt à jouer de tes charmes.

Tu avais hoche à la tête à sa remarque. Il avait raison, vous ne pouviez pas vraiment rester ensemble et en même temps t'avais pas envie de le voir sans toi, mais bon, tes états d'âmes n'avaient rien à faire dans cette soirée. Tu n'étais pas là pour profiter avec ton ex petit ami mais pour faire des affaires.

Tu l'avais vu directement se diriger vers une belle jeune femme et t'avais senti ton sang bouillir. T'avais pris une coupe de champagne avant de venir dans un groupe de personnes. T'étais pas là pour draguer, toi. Et t'esperais vraiment qu'il allait lui aussi en faire de même.

Tu fis la connaissance d'un homme qui cherchait à faire affaire, notamment sur une opportunité qui ressemblait à ce que vous pouviez lui proposer. Il désirait construire une énorme maison avec plusieurs appartements afin de pouvoir les proposer en location et si possible non loin d'ici. Tu cherchais à le convaincre de venir faire affaire avec vous sur votre île, et t'hesitais pas à jouer avec ton regard, à rire et à lui sourire tout en t'abreuvant, ça pourrait camoufler la haine que tu avais en toi en passant quelques regards vers Rio. T'étais parti avec lui sur le balcon, vous discutiez de vos projets mutuels et l'air de rien ça te faisait plaisir de pouvoir échanger avec quelqu'un qui était dans le même bateau que toi. Il était américain mais maîtrisait bien l'espagnol, ce qui était un gros plus toi qui parlait peu anglais. T'avais tellement passé du temps à t'habiller que t'en avais même oublier ton flingue, mais la soirée s'annonçait bonne pour le moment.

T'avais parlé de Rio, et l'homme était plus qu'interessé de découvrir ton associé. Tu étais allée le rejoindre.

- Diego, je te présente Eric. C'est un entrepreneur comme nous qui souhaiterait construire sur notre île et ramener de la clientèle.

Ça t'arrangeait d'être revenue auprès de lui, juste histoire de casser le délire qu'il avait avec cette blonde.

T'as décidé d'être là pour différentes affaires, les affaires professionnelles et les affaires personnelles alors dès le début tu te présentes et engage la discussion, tente de la faire rire. Tu la dragues c'est certain et bien vite, la question de vos métiers respectifs entrent en jeu. C'est là que tu lui parles de votre projet, de la raison pour laquelle vous êtes ici finalement. Tu la fais rêver, lui parlant des plus beaux hôtels jamais vus, d'une tranquillité inégalable, tu la fais voyager par tes mots, ou peut-être pas. Mais vu son sourire, tu penses avoir tout gagné avec elle pour ce soir.

Quand tu es coupé par Tokyo, tu ne perds pas pour autant ton sourire et hoche la tête, tendant la main vers le dénommé Eric.

Bonjour, enchanté. Je vous présente Maria, son père est ambassadeur, elle est ici en vacances.

Et a suffisamment d'argent pour venir en vacances chez vous la prochaine fois.

Je suppose que mon associée vous a déjà pas mal expliqué le projet ? Elle le connaît comme sa poche.

T'es comme un petit poisson dans l'eau au milieu de tous ces riches, tu ferais pas ça tous les jours mais pour quelques soirs, c'est plutôt agréable, tu te sens important.

Oui, Helena m'a expliqué. C'est vraiment génial, je pense que c'est une opportunité à saisir.
Nous sommes tous les jours à l'hôtel Imperial pour affaires, n'hésitez pas à passer si vous voulez un rendez-vous plus professionnels, Helena pourra vous recevoir, n'est-ce pas ?

Tu demandes alors en regardant Tokyo, un sourire aux lèvres. Bien sûr, t'as bien l'intention d'être présent toi aussi, la simple idée de la laisser seule avec un homme te met hors de toi.

Tu l'aimais déjà pas, cette fille, mais t'essayais de laisser de côté ta jalousie pour lui sourire et faire comme si vous étiez les meilleures amies du monde.

Tu fis suite à la remarque de Rio au sujet de ta présence :

- Oui bien sur, avec plaisir. Je vous donne mon numéro comme ça, vous pourrez me contacter si jamais vous avez des question ou remarques.

Que tu avais répondu avec un sourire envers Eric après lui avoir tendu une carte de visite.

- il faudra me faire une visite de votre île, histoire que je puisse me projeter.
- Je vous ferai la visite aucun soucis, y'a vraiment des coins qui pourraient vous plaire pour votre projet, avais-tu ajouté de manière enjouée.

Tu regardais Rio et la Maria en question.

- Alors, Maria, vous comptez passer vos vacances sur notre île ? Vous vous laisseriez tenter ?

Si elle lâchait Rio du regard, peut être que t'aurais aucun mal à l'accepter sur votre île. Pour l'instant, t'avais pas envie de la voir débarquer.

Tu serres la mâchoire, ne supportant pas l'idée que cet homme ait le numéro de Tokyo, que cet homme ait droit à une visite guidée de votre île, par Tokyo. Toutes ces idées te donnent envie de lui sauter à la gorge, parce que la violence te semble être la solution la plus simple depuis que tu as commencé toutes ces conneries, mais tu ne fais rien. Tu gardes même un sourire sur le visage, tu continues à jouer au gars gentil qui est heureux de tout ce qui se passe, parce que c'est ce que tu dois faire pour les affaires, tu n'as malheureusement pas le choix.

Alors tu te concentres rapidement sur Maria dès que Tokyo lui parle, mieux vaut te concentrer sur elle que sur ce fameux Eric.

Je suis déjà absolument charmée.

Tu souris, jackpot après tout. Deux personnes déjà intéressées par votre île, et peut-être un pour carrément terminer la nuit avec toi, il y a pire comme situation.

Je te ferai visiter ne t'inquiètes pas.

Elle sourit, toi aussi. Tu tournes finalement les yeux vers Tokyo, lui sourit également. C'est ce que vous devez faire de toute façon, sourire et rester professionnels, c'est la clé de la réussite.

Je savais que ce projet allait plaire, Helena se donne beaucoup de mal pour rendre ce lieu magique, moi aussi bien sûr. Sur ce, je vais nous chercher des coupes, Helena tu viens m'aider pour en ramener pour tout le monde ?

Ta jalousie parle alors discrètement, ta main vient lui tirer le bras et bien vite, tu lui demandes.

Il te plaît ?

Tu savais pas si elle était charmée par l'île ou par Rio et franchement t'aimais pas avoir ce doute en toi, mais tu pouvais pas craquer, fallait pas et pourtant t'avais qu'une envie c'était d'exploser. Pour la peine, tu avais bus d'une traite ta coupe, histoire de t'occuper l'esprit à autre chose qu'à lui refaire le portrait. Tu pouvais être violente, tu l'avais déjà été par le passé et c'était souvent en lien avec Rio. Et t'aimais pas l'idée qu'il lui fasse visiter l'île, tu ne laisserais pas ça arriver, et pourtant... Tu devais.

Tu écoutais Rio et tu compris bien vite qu'il voulait que tu le suives. Tu sentis sa main sur ton bras pour t'écarter d'eux avant qu'il ne pose une question qui te déclencha un petit sourire.

- Pourquoi, t'es jaloux ?

Tu soupirais.

- Faut bien que je l'incite à venir sur notre île donc ça passe par faire un peu de charme. Comme toi tu le fais. Je vais devoir me justifier si jamais on se revoit lui et moi ? Pour le travail ou autre ?

T'adorais le voir jaloux parce que ça te rendait encore plus amoureuse de lui, tu voyais que tu comptais et si vous n'aviez été que tous les deux, t'aurais sûrement pris en otage ses lèvres.

Jaloux toi ? Sans aucun doute, tu le sais et ça, tu ne peux pas te le cacher à toi-même, tu aimerais bien pourtant, ne pas vouloir tuer le moindre homme qui s'approche un peu trop de celle que tu aimes mais t'y arrives pas, t'es trop mordu et il t'est impossible de te raisonner, t'aimes pas l'idée que cet homme lui fasse des sourires et soit intéressé, certainement qu'il mériterait que tu l'envoies valser jusqu'en Afrique pour ça, si seulement tu pouvais.

Jaloux ? Où tu vas chercher ça ?

Mais devant Tokyo, tu ne peux pas l'avouer. T'as pas envie de passer encore une fois pour le gamin qui ne sait pas ce qu'il veut et qui essaie juste de tout gâcher, parce que c'est pas le cas. Tu veux pas tout gâcher, tu veux juste pas perdre l'amour de Tokyo, comme si c'était la seule chose qui te maintenait la tête hors de l'eau.

Bah tu me laisses gérer, c'est un mec il va juste vouloir te sauter et basta, tandis que si moi je le prends en charge, tout ira bien, ça restera professionnel tu vois ?

Tu hausses les épaules, c'est la meilleure suggestion de la journée, et tu sais déjà que tu tenteras de connaître l'emploi du temps de Tokyo pour t'assurer qu'elle ne le revoit pas, tu supporterais pas de revoir d'autres photos d'elle nue avec un autre homme.

Après c'est pour toi, on sait jamais que ce soit un connard. Pire, un psychopathe.

Même chez les gens les plus riches comme lui, il doit sûrement en avoir après tout.

Tu savais très bien qu'il essayait de se chercher des excuses, parce que Rio lui, il avait le droit de sauter sur tout ce qui bouge sans que toi tu ne puisses dire quelque chose mais toi par contre, ça pouvait pas fonctionner de la même manière.

- Donc toi, t'as le droit de sauter toutes les blondes que tu croises et moi ça peut pas dépasser le côté professionnel sous prétexte que ça peut être un connard ?

Tu le regardais droit dans les yeux.

- J'ai bien vu comme tu la regardais et elle aussi. Tu vas pas rentrer seul ce soir. Et si c'est le cas, je vois pas pourquoi je me gênerais.

Si t'allais rentrer avec un mec, c'était surtout pour le faire chier et non une réelle envie d'avoir un gars dans ton lit.

Elle a raison et tu le sais mais toi t'es jaloux, et visiblement, ce n'est pas son cas ou alors, tu ne connais simplement pas les signaux. T'as l'impression d'être le seul de vous deux à ressentir ça et ça pèse encore plus sur ton coeur.

C'est pas ça.

Tu soupires, la laisse parler. Elle a raison, t'espères rentrer accompagné ce soir mais elle se trompe tellement sur un point essentiel que tu sens le besoin de le lui rappeler.

Mais moi ce que je veux vraiment, c'est rentrer avec toi, pas avec une de ces filles de riches mal baisées, juste toi.

Et en fin de compte, ça fait du bien de le rappeler, de l'assumer aussi un peu.

T'as le coeur qui s'emballe, quand t'entends son souffle si près de ta peau, quand tu sens son toucher, tu pourrais t'envoler tout de suite au paradis, oublier cette soirée et dormir dans ses bras, c'est tout ce que tu demandes. Si tu veux la ramener chez toi ce soir, c'est juste pour ça, tu demandes pas plus t'en as franchement rien à faire là, tu veux juste sentir son odeur remplir tes narines et entendre son souffle encore un peu, la serrer dans tes bras et l'aimer un peu plus.

Mais vous êtes bien obligés d'y retourner, vous êtes là pour faire affaire et même si tu rêverais de rester en tête à tête avec Tokyo un peu plus longtemps, tu retournes à tes obligations à sa suite. C'est là que tu le vois, faut pas te prendre pour un con. T'as suffisamment observé les photos et tu t'es suffisamment énervé intérieurement contre cet homme pour le reconnaître tout de suite. Tu serres les dents, serre sa main un peu trop fort parce que tu as juste envie de la lui écrabouiller.

Tokyo ose te regarder, prête à embaucher son nouveau mec et toi, t'es presque rouge de colère, il est hors de question qu'il vienne en plus travailler avec vous, t'as déjà suffisamment d'images dans la tête pour devoir te le coltiner. Mais le regard de Tokyo, il t'apaise aussi, il te calme, il te tempère et tu en viens à faire des erreurs.

Je suppose qu'avec tout le travail, un architecte en plus ne sera pas de trop.

Tu réponds alors, un sourire aux lèvres, les poings toujours aussi serrés.

Tu souriais vraiment jaune, fallait l'avouer, c'était pas du tout ton petit ami et pourtant c'était quand même étrange de lier intimité et professionnel, t'étais pas sûre que ça collerait et pourtant tu savais qu'il t'avait beaucoup aidé pour rendre les idées que tu avais dans la tête de manière concrète.

- C'est vrai, avais-tu ajouté après la remarque de Rio. Du coup, Diego est mon associé sur le projet, on travaille dessus ensemble depuis pas mal de temps, il a pas mal d'idées faudrait qu'on organise une réunion pour avoir votre avis.

T'avais quand même un peu perdu de ta superbe tout à coup, c'était gênant surtout parce que tu savais que ton ex petit ami et amour de ta vie avait vu vos photos. T'avais du le vouvoyer par principe pour ne pas étaler ta vie sur le tapis. En réalité, tu savais qu'il avait sûrement envie de rentrer avec toi ce soir mais toutes tes pensées étaient attirées vers Rio.

T'as perdu ton enthousiasme et tes idées d'un coup, alors que tu retrouves face à cet homme plus sérieux, plus riche, plus vieux, plus musclé, plus beau et tout de plus que toi d'un coup. Tu souris toujours mais au fond de toi, c'est plus du tout les mêmes feux d'artifice, ceux-là sont douloureux et t'as juste envie de partir te terrer dans ton lit.

Oui, enfin si jamais, vous pouvez faire une réunion sans moi. J'ai pas mal de choses à faire.

En tous cas, tu feras tout pour ne pas te retrouver entre eux, t'as pas spécialement envie d'assister à un échange discret mais intime entre eux sous tes yeux, t'as pas envie de ne serait-ce que le voir ni de l'entendre, encore moins d'écouter ses idées, t'as pas envie de tout ça.

D'ailleurs, je vais devoir vous laisser. C'était très agréable mais je viens de voir un collaborateur.

Collaborateur de rien du tout, tu finis ta coupe de champagne, la pose sur un plateau porté par un homme déguisé en pingouin qui passe à côté de toi et tu t'échappes d'ici pour prendre l'air, rien que quelques minutes qui te feront le plus grand bien. Tu pourrais même t'enfuir en réalité, prendre un taxi et partir. C'est sûrement la meilleure solution alors tu sors ton téléphone et contacte directement un taxi avant d'attendre qu'il ne vienne te chercher.

Tu pouvais que sentir la tension entre vous tous, et tu voyais Rio craquer en fin compte, et prendre la fuite. T'avais pas envie de le laisser entrer seul alors tu t'étais excusée, dans tous les cas t'avais assez discuté avec tout le monde et Rio primait sur tous les gens que tu pouvais rencontrer. Tu l'avais rejoint dehors.

- Je savais pas qu'il serait là.

T'avais réussi à sortir que ça, en fait tu savais pas quoi dire d'autres pour justifier ce malaise.

- Je vais te raccompagner. On peut rentrer ensemble.

Tu voulais pas le laisser rentrer et déprimer seul en réalité. T'avais besoin qu'il reste avec toi.

T'attends, regardant l'heure sur ton téléphone, tapant un peu du pied, tu veux pouvoir partir le plus vite possible, t'as discuté avec très peu de monde mais là c'est déjà trop. Tu soupires, le taxi n'est toujours pas là, quand tu entends Tokyo. Tu peux pas t'empêcher de lâcher un rire nerveux, tu lui en veux en fait.

Je m'en fous, je suis juste fatigué.

Ce qui n'est, en soit, pas totalement faux. C'est juste pas la raison pour laquelle tu as décidé de partir si précipitamment.

J'ai appelé un taxi et je pense sincèrement que tu devrais essayer de discuter encore un peu. On doit se faire connaître, moi je suis vraiment fatigué, merci pour la soirée.

T'espères juste que ton taxi va se dépêcher d'arriver et heureusement, tu le vois arriver. Enfin. Tu vas pouvoir t'échapper et oublier cette désastreuse soirée où t'as eu la mauvaise idée d'ouvrir un peu ton coeur.

Ça te brisait le cœur de le voir partir, tu voulais encore essayer de le récupérer, tu savais faire que ça en réalité. Tu crevais d'amour pour lui, et t'avais l'impression qu'il t'abandonnait encore.

Quand le taxi arrivait, tu sentais l'urgence de lui dire ce que tu ressentais :

- Putain mais Rio je t'aimais! Et toi tu m'as juste lâché parce qu'on se faisait du mal mais t'attends quoi sérieusement de moi ? T'attends que je te dise que je pense toujours à toi, que je t'ai pas oublié et je peux pas passer à autre chose ? Parce que oui c'est le cas. Mais arrête un peu d'agir comme si toi tu pouvais te permettre d'infliger aux autres ce que toi tu n'aimes pas qu'on te fasse ! Franchement c'est trop dur. Parce que tu vois moi, à chaque fois que je te vois tout ce que je veux c'est revenir avec toi. Mais j'ai pas envie que tu refasses la même chose.

T'étais juste super triste là en ce moment, t'arrivais pas à retenir les larmes qui brûlaient les yeux.

- T'as raison, c'est clair qu'on est plus heureux comme ça.

Tu rigolais ironiquement.

- bref, repose toi bien.

Tu sais pertinemment que tu as tous les torts pour cette fin de relation, que c'est toi qui a décidé de la laisser tomber pour penser un peu plus à toi et que si tu regrettes aujourd'hui ta décision, tu en es tout de même à l'origine. Tu le sais tout ça mais ça n'empêche que ton amour pour elle est toujours le même et qu'elle te manque parfois, souvent, peut-être un peu trop d'ailleurs. Ses mots sont comme des milliers de coups de poignard dans le coeur, certains sont pourtant agréables, d'autres moins, c'est juste que t'as tout qui te revient dessus comme un boomerang et ne sais pas comment réagir face à tout ça. Tu ne sais pas quoi répondre. Tu devrais sûrement lui dire ce que tu ressens aussi, à quel point tu l'aimes et à quel point elle te manque. Tu devrais lui demander pardon et lui dire de rentrer avec toi ce soir, de venir dormir dans tes bras. Tu devrais lui dire qu'il t'est impossible de faire l'amour avec une autre sans penser à elle et sans culpabiliser parce qu'elle est la seule que tu veux réellement, tu devrais la supplier de te revenir, lui assurer que tu seras un homme meilleur, que vous trouverez le bonheur ensemble, que ça peut fonctionner mais tu ne dis rien de tout ça. Ton taxi est là et tu te contentes de t'approcher d'elle pour lui embrasser le front, une dernière touche d'affection.

Prend soin de toi.

Tu lui demandes alors avant de la prendre quelques secondes dans tes bras, tu l'aimes si fort mais c'est trop tard. Tu t'écartes, te tourne et finalement, monte dans le taxi qui te ramènera chez toi.