you love him as much as i do

T'as pas pu t'empêcher de culpabiliser quand tu as couché Anibal, un Anibal triste et véritablement déçu, presque abattu. T'as rapidement compris que si ton fils était dans un tel état, c'est parce que tu n'as pas été capable de mettre un peu ta fierté de côté et toutes ces pensées ont bien trop ruminé dans ta tête pour que tu restes là sans rien faire, tu dois discuter avec cette jeune fille, après tout, si Anibal lui trouve des qualités, c'est certainement qu'elle en a et que tu n'aurais pas du la juger aussi rapidement, bien qu'elle n'ait pas été des plus agréables non plus, il faut le reconnaître.

Tu te contentes alors d'écrire un petit mot sur la table du petit salon de la chambre avant de sortir en douce, tu lui écris que tu es parti te balader, évitant de lui expliquer que tu as décidé d'aller directement voir celle qu'il aime, tu sais qu'il ne t'en donnerait pas l'autorisation, il veut cesser toute cette histoire parce que c'est trop compliqué, d'après ce qu'il dit mais toi, tu es sa maman, et tu sais lire entre les lignes.

Quand tu arrives, il te faut un certain temps avant de te décider à toquer à la chambre d'hôtel, tu pries pour ne pas la retrouver droguée ou morte parce que tu sais que là, Anibal ne s'en remettrait pas et si tu es ici, c'est bien pour lui.

Tu fais réellement ça pour ton fils, à choisir tu l'aurais ramené à la maison, tu aurais trouvé une solution pour qu'il échappe à la prison, tu l'aurais peut-être même caché peu importe, mais tu l'aurais éloigné de cette fille, parce que tu sens que tout est compliqué entre eux, de ce qu'a pu te dire Anibal en tous cas. Le problème c'est qu'il semble réellement amoureux, triste et abattu mais tout de même amoureux, et t'as pas envie de le laisser perdre ça.

Tu te retrouves face à cette fameuse Tokyo et cette fois-ci, vous n'êtes que toutes les deux. Tu pousses un premier soupir en l'entendant, tu sens bien son animosité il faut dire.

Je suis venue vous présenter mes excuses pour ce que vous avez entendu à la télévision. Je ne connaissais que ce que j'entendais de vous et je n'aurais pas du me faire une telle opinion mais je suis une mère, je voulais protéger mon fils, vous comprendrez un jour.

Ou peut-être pas, mais toujours est-il que tu es persuadée que seule une mère peut comprendre tes intentions, ce besoin de protéger ta chair coûte que coûte, c'est bien pour ça que tu es là, pour lui. Pour lui et personne d'autre.

En tous cas, il vous aime, ça je ne peux pas le nier.

Tu avoues alors finalement.

Du peu que tu as vu de cette jeune femme, tu ne t'attendais pas à ce qu'elle soit si compréhensive et décide à son tour d'enterrer la hache de guerre alors autant dire que c'est une agréable surprise pour toi. Tu n'irais pas jusqu'à dire que tu comprends ce que Anibal lui trouve, en tant que maman, tu n'y arriveras certainement jamais, mais tu veux bien doucement l'accepter.

Les choses changent en effet, il est évident que Anibal tient à vous alors ça ne sert à rien de se faire la guerre, peu importe ce que vous pensez de moi et ce que je pense de vous, je suppose même que c'est normal entre la mère et la copine de se bagarrer pour le garçon au milieu.

tu ris un peu. A dire vrai, tu n'as jamais eu à faire à cette situation, tu ne t'es jamais confrontée à celle que ton fils aime parce que jusque là, il n'a rien eu de sérieux, ce qui se comprend vu son âge. Alors forcément, même s'il t'a déjà échappé en devenant un criminel, tu ne peux t'empêcher d'avoir l'impression qu'on te vole ton fils, ton bébé. Et ça, c'est difficile.

On peut se tutoyer oui, après tout vous avez plus l'âge d'être ma soeur que ma fille.

tu ne peux pas t'empêcher cette petite pique.

Tu ris doucement, après tout tu ne l'as pas volé et ça te fait plus rire qu'autre chose, t'aimes bien la voir sortir de ses gonds à la moindre occasion et tu ne comprends franchement pas ce que ton fils, tout calme, fait avec une fille avec ce tempérament, t'as du mal à croire que ça puisse fonctionner entre eux mais malheureusement, tu n'as pas ton mot à placer sur la question, ça ne regarde qu'eux et tu sais que ton avis ne sera ni entendu ni pris en compte.

oh tu sais, ça arrive vite, prépare-toi.

Tu hausses les épaules, c'est vrai que ça passe vite. Il te suffit de voir Anibal pour te souvenir de la première fois où tu l'as pris dans les bras, ce moment où tu es devenue maman et que tu t'es promis de le protéger de tout ce qui pourrait lui tomber dessus. T'avais pas imaginé qu'il prendrait des risques pareils de lui-même, qu'il deviendrait ce qu'il est devenu désormais, c'est pas ce que t'avais en tête pour son avenir quand il était dans tes bras, encore bébé.

Tu es sortie de tes pensées par la question de cette fameuse Tokyo. A vrai dire, Anibal s'est monté la tête tout seul et même si tu ne la pas vraiment contredit, tu n'as encore pris aucune décision, tu perds trop en restant ainsi ici et en même temps, perdre ton fils est la pire chose qui puisse t'arriver, c'est un tiraillement que tu n'arrives pas à calmer ni à comprendre.

Je n'ai pas décidé encore. Je pensais plutôt à raisonner Anibal à vrai dire.

Tu te permets de lui dire parce que t'as bien compris que tu n'y arriverais jamais, il n'a pas l'intention de retourner en espagnol, de se rendre ou de négocier quelque chose, et tu ne vas pas le forcer, t'es pas sûre d'avoir envie de savoir ton fils derrière des barreaux.

tu te doutes bien qu'elle ne te laissera jamais prendre Rio pour le ramener, tu ne t'attendais pas à autre chose de toute façon et il faut dire que tu ne peux t'empêcher de laisser cette idée s'éteindre peu à peu, il a l'air heureux ici et au moins, il est libre. C'est sûrement pour le mieux, qui sait quelle peine il encourt réellement, t'es pas prête à voir ton bébé enfermé et menotté, triste et haineux envers toi, tu préfères le savoir ici même s'il doit être avec cette délinquante.

Je pense que tu as compris.

tu maintiens tout de même, pas pour la contrarier en soit mais parce que tu n'as pas envie de dire à voix haute ces mots, tu n'as pas envie de reconnaître que tu aimerais qu'il se rende alors qu'il vit une vie paisible ici. T'aimerais simplement pouvoir le voir, l'aider, et l'aider surtout à se remettre dans le bon chemin.

Tu ne peux pas voir ton fils en prison, bien au contraire, t'aimerais simplement pouvoir trouver une solution pour qu'il redevienne le Anibal que tu as connu, celui que tu as élevé, afin qu'il ne tourne mal sans que tu ne puisses faire quoique ce soit.

Tes menaces ne me font rien. Je suis pas là pour envoyer Anibal en cellule, j'aimerais juste qu'il rentre avec moi et soit, qu'on trouve un compromis avec la police, soit que je le cache peu importe mais je suis sa mère, et il est jeune. je suis la seule personne capable de le faire revenir sur le droit chemin.

Tu accentues le mot seule parce que tu sais pertinemment que Tokyo, même sans le vouloir, fait totalement l'inverse, elle l'attire dans les tréfonds des criminels et le fait devenir exactement comme elle. Tu te souviens encore de ce jour où ton fils t'a appelé pour te dire qu'il avait tué un policier, t'oublieras jamais donc quoi cette femme l'a entraîné, même si tu acceptes de faire des efforts.

Tu soupires, n'ayant franchement pas envie de te battre avec elle, d'autant plus que tu sais qu'elle a raison et que tu te fais doucement à l'idée que tu vas devoir le laisser ici, et toi rentrer. Ou rester peut-être. Après tout, t'es pas spécialement plus heureuse en Espagne, et les projets dont Anibal t'a fait part te semblent être merveilleux, presque comme dans un conte de fées.

Je sais tout ce que tu me dis et je suis d'accord avec toi. Mais au début j'étais venue pour ça, c'est difficile de renoncer à son enfant tu sais, je ne souhaite pas de connaître ça un jour.

Tu hausses les épaules, tu pourrais rester, cette idée germe doucement dans ta tête, t'es sûre déjà que Anibal ne sera pas contre mais il faut voir si toi, ça te convient comme vie.

Je vais peut-être rester alors si tu arrives à me supporter.

tu ris un peu, t'es pas sûre de pouvoir la supporter au quotidien toi.

Tu fais un peu des plans sur la comète mais en réalité, rien n'est décidé, t'es même pas sûr d'avoir vraiment envie de quitter ta vie tout confort, t'es sûre de rien en réalité mais l'idée reste dans ta tête. Tu dois choisir entre ta vie toute entière et ton fils, assez compliqué.

Que j'allais chez ma soeur, il la supporte pas alors je risquais pas qu'il veuille m'accompagner.

C'est pas vraiment compliqué de passer entre les mailles concernant Paco, il ne fait attention qu'à lui et à lui-même, tu pourrais partir quelques mois qu'il ne s'en rendrait pas vraiment compte.

Anibal se comporte bien avec toi ?

Tu ne peux t'empêcher de te demander, souhaitant quand même t'assurer que ton garçon est resté un gentil garçon, notamment avec les filles et encore plus avec celle qu'il fréquente.

Tu manques de t'étouffer quand t'entends ce qui devrait être la bonne nouvelle mais qui semble, à tes yeux, être un pur et simple cauchemar, t'as pas envie d'entendre ça et d'assister à un quelconque mariage ridicule parce que tu estimes que ton fils est bien trop jeune pour ce genre de stupidités, il devrait profiter de la vie, pas s'engager avec la première venue.

C'est une blague n'est-ce pas ?

Tu demandes alors, attendant qu'elle te rassurer sur la question, attendant d'entendre qu'en effet, c'est une blague, ils n'ont pas l'intention de se marier alors que Anibal est encore très jeune et qu'il a la vie devant lui pour ce genre de choses.

C'est pas contre toi hein mais Anibal a 22 ans, je pense qu'il y a plus important pour son âge que se marier.

tu expliques alors ta pensée.

Tu pourrais être en colère et te mettre à crier sur cette femme venue de nulle part qui se moque de toi et essaie de te voler ce que tu as du plus précieux, tu pourrais lever la voix et balancer des insultes à tout va mais en réalité, t'es plus triste et blessée qu'en colère. T'as tout un poids sur les épaules alors que tu te rends compte que tu as tant raté avec Anibal, tu as perdu ton petit garçon et te retrouve désormais avec un homme que tu ne connais plus, dont tu ne sais presque rien. Tu soupires et t'assieds sur la petite chaise en coin qui t'évite de t'effondrer, ton bébé devient grand et toi, tu n'as rien vu venir, tu n'as pas vu ces changements, tu n'as pas entendu son amour pour cette femme que tu as tant de mal à apprécier.

Je vois.

tu te contentes de souffler, complètement abasourdie par cette nouvelle qui refuse de se faire un chemin jusqu'à ton cerveau, qui refuse d'être assimilée pour de bon.

C'est comme si à chacune de ses réponses, elle tentait de t'achever un peu plus, de te prouver que tu ne faisais plus partie de la vie de ton fils et franchement, elle y arrive plutôt bien parce que tout ce qu'elle te dit, t'étais loin de penser que ça intéresserait Anibal, lui qui passait ses journées et ses nuits sur l'ordinateur, ne rencontrant personne.

Prenez votre temps oui, c'est important.

Pour eux certes mais surtout pour toi, tu ne vois pas ton bébé se marier et avoir des bébés, ce serait la pire chose en ce moment à son âge alors qu'il est recherché de partout, ne sont-ils pas conscients de la vie que cet enfant va mener ?

Tu sais, il est jeune alors il s'emporte peut-être beaucoup mais c'est immature de sa part, tu comprends ?

ce que tu veux dire par là, c'est qu'il est loin d'être prêt pour une vie d'adulte, peu importe ce que lui en pense.

Vouloir épouser la femme qu'on aime et avoir des enfants n'est pas immature dans un certain contexte, plus stable que le leur mais dans leur histoire, t'es persuadé que c'est seulement un caprice mais surtout, une grosse connerie. Anibal est jeune, de ce que tu as compris, ils se disputent énormément et surtout, ils auront la police à leurs trousses jusqu'à la fin de leurs vies, rien ne changera jamais sur ça et ça les empêche certainement de fonder la famille de leurs rêves, il faut être réaliste.

Ne l'appelle pas Rio, il s'appelle Anibal.

Tu es ferme sur ce point, tu as donné un prénom à ton fils et il est hors de question que tu n'entendes que ce nom d'emprunt utilisé pour devenir un braqueur, ce Rio n'est pas ton fils.

Votre vie ne sera jamais calme et tu le sais, il y aura toujours des gens à votre recherche et vous ne serez jamais tranquilles, dans ces conditions, fonder une famille est en effet quelque chose d'immature, un simple caprice. T'as pas eu une vie facile, tu devrais savoir ce que tu ne veux pas offrir à un enfant et la vie que vous allez lui offrir est tout sauf une belle vie, il sera seul, sans amis, sans éducation, n'aura même pas de nationalité propre puisque jamais tu ne pourras te pointer dans une mairie pour faire reconnaître ton enfant, il ne sera personne aux yeux de toutes les sociétés, c'est ça que vous voulez offrir à un enfant ?

Tu es ferme, tu sais que tu as raison sur ce point. Anibal a seulement des rêves un peu trop fou, mais un jour il comprendra qu'il ne peut pas les réaliser dans de telles conditions et il est le seul fautif de la situation.

Elle a raison, tu devrais en parler avec Anibal plutôt qu'avec elle mais aux dernières nouvelles, Anibal ne t'a pas parlé de cette histoire de mariage et de famille et elle, en revanche, ne s'est pas gênée. Ainsi, tu commences par lui faire part de tes doutes et tu iras ensuite en parler avec ton fils, parce que tu estimes que c'est un sujet important et tu as du mal à croire tout ce qu'elle peut te dire, qu'ils vont faire une île qui répondra aux besoins de tous, certainement qu'ils ne se rendent pas compte de la difficulté de la chose et c'est peut-être le fait de se retrouver d'un coup avec autant d'argent qui leur fait perdre la tête mais toi, t'as pas l'intention de laisser passer ça sans rien dire.

J'en parlerai avec lui ne t'en fais pas, mais pour le moment, il t'en veut et d'après ce que j'ai compris, vous n'êtes plus vraiment ensemble alors pas besoind de te faire des plans sur la comète.

Tu y vas un peu fort mais vu comment elle se comporte avec toi, t'as pas l'intention de continuer à jouer à la gentille. En réalité, si elle veut la guerre, tu te feras un plaisir de la lui servir sur un plateau d'argent.