you should have known

Ce devait être une fois, une seule, une erreur que tu allais oublier rapidement. Une simple envie sur le coup qui s'évanouirait dans la nature et à laquelle tu ne penserais plus jamais mais malheureusement, rien ne s'est passé comme ça bien au contraire. T'as eu du mal à dormir cette nuit-là, votre première nuit, t'as pas arrêté de penser à elle et à ses baisers et ça t'a suivi les jours suivants. Les jours et les nuits, tu n'as plus pu t'empêcher de laisser dériver tes pensées vers elle, même lors des cours donnés par le professeur, t'as pas pu décrocher ton regard. Alors t'es retourné la voir, un soir et un deuxième et tu aurais du savoir que cela te causerait du tort, certainement qu'une partie de toi le savait mais t'as pas pu te résigner à cesser ces entrevues nocturnes et un beau matin, tu t'es rendu compte que t'avais plus qu'une envie, rester avec elle toute la journée et toute la nuit, passer ton temps entier avec elle et sentir ses lèvres sur ta peau brûlante. Désormais tu sais que c'est plus qu'une simple attirance que tu ressens, c'est pas simplement une envie à assouvir, c'est presque devenu un besoin. Alors ce soir comme d'autres, tu sors discrètement de ta chambre et vérifie que personne n'est dans les parages avant de courir à petits pas vers celle de Tokyo, c'est presque devenu une habitude de toute façon. Tu ne toques même plus, tu te contentes d'ouvrir la porte et de la refermer tout de suite derrière toi avant de monter dans le lit pour venir y dormir. Parfois plus, parfois rien mais t'as besoin d'être constamment avec elle, c'est comme si un vide prenait part dans tes entrailles quand t'es loin d'elle, seul dans tes draps. Tu m'as manqué. tu chuchotes en venant chercher un baiser avant d'embrasser sa joue et de te réinstaller pour la regarder, elle qui est si belle et qui fait tourner ta tête.

Tu savais plus exactement combien de temps ça faisait que tu étais ici. Tu passais de bons moments avec tes collègues, t'avais noué une forte amitié avec Nairobi, cette fille dure mais avec un coeur énorme, comme toi. Tu appréciais beaucoup Denver aussi, tu passais pas mal de soirées avec lui à te mettre la tête à l'envers. Bref, à vue d'oeil, on avait du mal à se dire que vous prépariez le plus gros braquage de l'année, voire du siècle. Puis, il y avait Rio. Tu l'avais laissé partir la première nuit, persuadée que tu serais assez forte pour ne pas le faire revenir, mais il se pourrait que tu sois déjà tomber sous son charme. Tu ne lui résistais pas. Alors, il était revenu plusieurs fois. C'était votre secret, et l'air de rien, ça ajoutait encore plus d'excitation à votre liaison.

Tu ne voulais qu'une relation physique. Tu ne voulais pas qu'il y ait d'autres choses qui ne viennent entacher ton armure d'acier. Tu essayais toujours de garder une certaine distance, même si ça devenait de plus en plus dur. T'avais pas envie qu'il se fasse de faux espoirs, parce que pour toi, c'était déjà clair dans ton esprit. Tu voulais juste éviter de penser à ton rythme cardiaque qui s'excitait quand il te regardait, à ta peau qui frissonnait à chacune de ses caresses, à ton souffle qui se coupait quand il te souriait.

Quand il avait poussé la porte de ta chambre ce soir, et qu'il était venu te souffler que tu lui avais manqué, tu te sentais soudainement gênée. Tu ne savais pas quoi répondre. Non, parce que tu sentais que plus ça allait, plus il devenait affectueux avec toi. Tu pouvais pas être la femme qu'il recherchait, t'étais pas une fille bien, Tokyo. Tu te disais ça, et pourtant, tu sentais un vide à l'intérieur quand il n'était pas là.

Tu lui offris un câlin avant de déposer des baisers dans le creux de son cou et de remonter vers ses lèvres qui te rendaient accro.

- Même si on va devoir accomplir quelque chose d'important dans quelques jours, on se sera bien amusé toi et moi.

Tu pensais à vos moments charnels bien évidemment, et t'avais pas envie de voir autre chose dans votre relation sinon tu perdrais pieds.

Tu sais déjà que tu es attaché à elle et que tu ne la laisseras pas partir sans toi après ce braquage, tu le sais au fond de toi même si tu évites d'y penser trop longtemps, elle te rend fou et c'est peut-être pas encore de l'amour mais en tous cas, ça s'en rapproche très fortement. Tu n'as encore jamais ressenti ça auparavant, avec personne, c'est nouveau pour toi et en même temps si bon et agréable que tu pourrais en mourir de bonheur, sur le champ, dans ses bras, sous ses baisers. Tu ne t'attends pas à ce qu'elle te réponde, tu sais bien qu'elle n'est pas aussi démonstrative que toi et pourtant, dans chacun de ses gestes au creux de ces draps la nuit, tu as senti qu'elle ressentait la même chose que toi, tu le sais et le sens. Amusé ? tu te redresses un peu à ces mots, c'est pas réellement le mot que tu aurais choisi pour définir votre relation, bien au contraire même. C'était tout sauf un jeu pour toi, tout sauf un passe-temps. C'est pas un jeu. tu chuchotes alors en venant chercher ses lèvres, souhaitant lui prouver par ce baiser que vos étreintes ne ressemblent pas du tout à un jeu, que c'est une histoire, une vraie parce que toi, tu y crois.

T'avais franchement pas envie de t'embêter avec des sentiments, t'avais déjà assez donné. Tu voulais quelque chose de simple et tu pensais avoir été claire à ce sujet. Il est vrai que tu ne lui laissais pas vraiment le choix, c'était soit ça, soit vous arrêtiez là. T'avais pas envie de t'attacher à lui même si c'était déjà trop tard. Le mal était déjà fait. Des sentiments naissants étaient tapis dans l'ombre, remontant lentement mais surement à la surface et toi, tu cherchais juste à les brûler ces sentiments. T'avais pas envie d'avoir quelque chose à perdre, même si ça pouvait te donner une raison de vivre qui te laisserait moins vide. Tu avais déjà vécu ça, il y avait quelques mois. Et si Rio mourrait, toi, tu ferais quoi ? Tu resterais encore là, briser, en mille morceaux ? Tu essayais de ne pas répéter les mêmes erreurs.

Quand il te répondit que pour lui, ce n'était pas un jeu, tu fûs soudainement curieuse, mais un peu stressée quand même par ce qu'il était entrain de te dire. Tu décalas légèrement ta tête pour le regarder.

- Je suis sensée comprendre quoi, là ?

T'avais pas envie qu'il te dise, tu priais intérieurement pour qu'il comprenne de lui-même qu'une relation n'était pas possible avec toi.

Dans chacune de ses caresses, tu as pu sentir autre chose qu'un jeu, autre chose que juste du sexe ou du moins, c'est ce que toi tu as ressenti et t'as pas envie de te dire que tu t'es trompé sur toute la ligne, pas avec ce que tu ressens au fond de toi, ce coeur qui bat plus vite pour une seule femme. Sa question te semble être comme des lames envoyées directement dans ton coeur, tu ne t'attendais pas à ça, tu ne pensais pas avoir besoin de lui expliquer, toi qui croyais que vous étiez sur la même longueur d'onde. Je... enfin c'est pas juste du sexe entre nous, n'est-ce pas ? tu oses alors demander. T'as un peu peur de la réponse tu dois l'avouer, t'as peur qu'elle vienne anéantir tes pensées d'un seul coup et que tu te rendes compte que depuis le début, tu n'es qu'un pantin, certainement que tu aurais du mal à le supporter. Mais cela te semble impossible, tu l'as vue dans ces moments, des moments si différents de tous ceux que tu as pu vivre avec des filles, tu sais qu'elle ne peut pas le nier, il y avait autre chose, tu en es persuadé.

Tu savais que Rio ne te laissait pas indifférente. T'avais vu en lui quelque chose, peut-être de l'espoir, peut-être de l'affection, mais tu voulais pas t'y arrêter. T'étais pas là pour ça, déjà, et puis dans un autre contexte, tu étais encore sûre que tu ne voudrais pas d'une relation. Et pourtant, ce jeune homme t'avais déjà marqué. Ton corps parlait déjà, te ramenait toujours vers le sien, et te criait de le rejoindre quand il n'était pas près de toi. Ce que ta tête te défendait de voir, ton corps lui désirait se laisser aller.

Tu soupiras. Tu n'avais pas envie de lui dire les choses comme ça, mais bon, fallait bien que tu t'y colles.

- Rio... Je sais pas comment te dire ça...

Tu soufflas, cherchant des mots adéquates, des mots qui feraient moins mal. Tu ne pouvais regarder cette lueur s'éteindre dans son regard, alors tu préférais laisser ton regard vagabonder autour de toi. D'habitude, t'avais aucun mal à exprimer ce que tu ressentais même si ça pouvait blesser, mais là, c'était différent. Son comportement te touchait d'une manière que tu ne pouvais pas exprimer.

- Je suis pas le genre de filles à vouloir d'une relation de couple, tu vois ? Je suis pas prête pour ça.

T'avais envie qu'il comprenne, t'avais pas envie de le voir partir alors que tu te persuadais que tu t'en fichais, mais la vérité, c'est que tu l'appréciais bien plus que tu ne voulais le voir.

Tu ne veux pas y croire, tu refuses de le faire parce que ce n'est pas ce que tu as ressenti ces dernières semaines, tu pourrais parier qu'elle ment mais elle te semble tellement sérieuse que tu as du mal à croire à tes propres pensées. Tu ne peux t'empêcher de lui en vouloir en cet instant, elle aurait pu te prévenir avant, comme par exemple au tout début avant que tu ne continues à venir la voir et que tu ne finisses par beaucoup trop t'attacher. C'est une blague ? tu peux pas t'empêcher de demander en te redressant, t'extirpant de ses bras. Et tu pouvais pas le dire au début ? Non ? Fallait que tu profites bien de sauter un petit jeune avant de lui dire tout ça n'est-ce pas ? tu te relèves, t'es déçu en réalité, tu pensais pas qu'elle te ferait un coup comme ça, qu'elle attendrait que t'en sois au point de rêver d'un futur avec elle avant de te balancer qu'elle ne veut rien de plus quand toi tu t'imaginais déjà tellement de choses. T'es tellement naïf Rio, on te l'a toujours dit et t'as jamais voulu le croire mais là, c'est la preuve que toutes ces personnes avaient raison, t'es juste un gamin manipulable à souhait.

Tu fronçais les sourcils, pas sûre de comprendre sa réaction qui pour toi, te semblait complètement démesurée. Tu avais presque l'impression qu'il était tombé amoureux de toi, alors que ça te semblait impossible en si peu de temps. Tu voulais directement lui remettre les pieds sur Terre, parce que t'avais pas envie de le laisser souffrir alors qu'une mission importante vous demandait de la concentration et de la discipline.

- Je comprends pas Rio, je m'en suis jamais cachée. Je t'ai jamais dit que mon but dans la vie c'était de trouver l'homme de mes rêves.

Même si tu savais qu'il y ressemblait, à l'homme de tes rêves. T'avais pas envie de le voir partir, tu voulais le retenir.

- Comment tu peux juste imaginer qu'on puisse être un jour ensemble ? Non mais t'as vu notre vie ? On se connait même pas. Je voulais juste qu'on déstresse ensemble, et je pensais que ça t'allait bien en réalité.

Il était si proche et en même temps si loin. Il te manquait déjà. T'avais juste de sentir ses bras autour de ton corps parce que tu le sentais s'éloigner.

Tu pensais pas que c'était le tien de but, de trouver la femme de tes rêves et pourtant, chaque fois que tu poses tes yeux sur elle, tu te rends bien compte que c'est ce qui est arrivé et tu ne peux rien y faire, tu aimerais simplement en profiter, faire d'une pierre deux coups. T'es tombé sous son charme et tu n'y peux rien, tu n'as pas envie de changer ça en réalité, pas quand tu vois à quel point tu te sens bien dans ses bras. Tu aimerais simplement qu'elle ressente la même chose mais tu te rends bien vite compte que ce qui te semblait être de l'affection de sa part n'est en réalité qu'un passe-temps, le seul qu'elle ait trouvé. Qu'on déstresse. tu peux pas t'empêcher de rire, un rire nerveux qui traduit tout ce que tu ressens en ce moment, de l'affection, peut-être de l'amour mais surtout la peine qu'elle te fait ressentir de par ses mots. Trouve quelqu'un d'autre pour déstresser, Berlin se fera une joie de te déstresser pour le grand jour mais moi, c'est hors de question, je suis pas un passe-temps Tokyo. t'es peiné, en colère, t'as tellement de sentiments qui passent en toi que tu ne sais pas lesquels sont les plus forts.

Tu te sentais peinée par ses mots, parce que tu n'avais pas envie de quelqu'un d'autre que lui. Tu avais même refusé les avances de Denver, parce que tu n'avais aucun désir pour lui. Rio prenait toute la place, et quand tu avais quelqu'un en tête, tu pouvais pas te résoudre à aller voir ailleurs. T'étais comme ça, toujours à fond dans tout.

- T'es pas qu'un passe-temps, je voulais pas que tu le prennes comme ça.

Tu savais pas vraiment t'exprimer avec les mots. T'aurais bien voulu avoir ce don, mais tu n'avais aucun filtre. Tu essayais de réfléchir à la manière la plus douce de lui dire tout ça.

- J'aime bien ce qu'on est. J'aime bien que ce soit simple entre nous. Je veux pas commencer à te promettre des choses, à me mettre la pression alors que je sais même pas si je sortirais vivante de ce braquage.

C'était vrai. Tu savais que ça pouvait tourner mal, et tu préférais pallier à cette éventualité. Tu faisais confiance au Professeur, mais tu savais que c'était bien plus compliqué que ça en réalité. C'était d'ailleurs pour ça que vous vous entrainiez aux tirs.

Tu soupires, cette conversation douloureuse t'épuise déjà, tu aimerais mettre sur pause ce moment et faire comme si tu n'avais rien dit et rien entendu, comme si t'avais pas le coeur émietté en cet instant. Laisse-nous une chance. tu demandes alors, parce que t'as senti toute son affection pour toi et tu sais que tu peux la faire changer d'avis, tu peux lui montrer que vous êtes capables de vous en sortir à deux et t'as pas envie de lâcher ça tout de suite. On va s'en sortir mais on sera plus forts à deux. tu chuchotes alors en remontant sur le lit pour venir embrasser sa nuque. Tu peux pas me dire que t'as rien ressenti parce que j'étais là autant que toi, j'ai tout vu. t'oserais pas parler d'amour mais c'est pourtant ce mot qui te brûle les lèvres, vous avez fait l'amour toutes ces fois, peut-être toi plus qu'elle mais c'est déjà ça, t'es persuadé de pas te tromper.

Tu avais la peur au ventre, il te prenait de court. Tu pensais pas avoir à réfléchir à tout ça, ni à devoir en parler ce soir alors que toi, tout ce que tu avais voulu quand il avait franchit cette porte, c'était simplement de vous retrouver comme vous saviez si bien le faire. Il avait cependant raison. T'avais ressenti des choses. Mais t'étais une grosse trouillarde en réalité, Tokyo. T'arrivais pas à sortir tout ça. T'étais pas aussi à l'aise et courageux que lui au niveau de tes sentiments.

- Je veux simplement apprendre à te connaître plus, et tu sais, je veux juste voir où tout ça va nous mener. Je dis pas que je veux pas nous laisser une chance, mais je suis pas quelqu'un de stable, Rio. Un jour ou l'autre, faudra bien t'y attendre, on sera plus ensemble.

Parce que les relations n'étaient pas faites pour durer dans le temps. C'était comme ça. Puis, toi, tu tenais à ta liberté. Tu pris ses mains dans les tiennes.

- Je sais pas encore ce qui m'attend demain, et personnellement, je m'en fiche. Ce qui compte c'est ce qui se passe aujourd'hui, là, tout de suite. Et là... j'ai envie de t'embrasser, avouas-tu en regardant ses lèvres.

Tu voulais simplement arrêter de te prendre la tête sur ce sujet, parce que de toute façon, toi c'était clair que tu voulais simplement prendre ton temps et tu savais qu'un jour ou l'autre, il se lasserait de toi. Alors, pour prévoir ça, tu essayais directement de mettre des barrières.

Toi aussi tu as envie d'apprendre à la connaître, t'aimerais tout connaître d'elle dans les moindres détails mais t'es pas certain qu'elle t'en laisse un jour l'opportunité, même si tu te bats pour ça, même si tu lui prouves ta loyauté, ton envie d'être avec elle même après le braquage, tu comprends bien que ce n'est pas ce qu'elle cherche, qu'elle ne sait pas ce que c'est que de rester avec une personne et que si tu veux profiter d'elle encore un peu, tu dois garder en tête qu'un jour elle arrêtera tout sans prévenir personne. Tu sais pas trop si t'as envie de prendre ce risque, de prendre le risque de souffrir un peu plus et un peu trop mais quand tu la regardes, la seule chose que tu vois c'est les jours que tu peux encore gagner à la sentir entre tes bras et c'est ainsi que tu sautes dans la gueule du loup. Ça me va. tu chuchotes alors, un léger sourire aux lèvres. T'es prêt à souffrir si cela te permet de passer un peu de temps avec elle, t'es accro à ce point et en réalité, cela devrait te faire peur mais ça n'est pas le cas du tout. Tu ris à ses mots, toi aussi tu as envie de l'embrasser. A vrai dire, ses lèvres te semblent comme une douce torture que tu souhaites toucher et caresser sans plus t'arrêter. Alors c'est ce que tu fais, tu viens l'embrasser tendrement, lui montrant par ce baiser tous les sentiments que tu ressens au fond de toi, ces sentiments qui ne demandent qu'à exploser tout autour de vous même si elle ne le souhaite pas.

Il arrivait à te calmer, à apaiser tes angoisses, tes douleurs, même si tu ne voulais pas l'admettre, t'étais déjà bien attacher à lui.

- J'ai vingt-huit ans.

Tu avais lâché ça comme ça, après que vos lèvres se soient caressées. Puisqu'il avait voulu connaître ton âge, tu lui avais signifié. T'avais pas réfléchie, c'était naturel avec lui, tu laissais parfois des bribes de ta vie personnelle sortir de ta bouche, comme si ton armure se fissurait peu à peu. Tu n'avais plus la naïveté que tu avais pu avoir quand tu t'étais mis avec ton ancien petit ami, tu étais maintenant au courant que l'amour ça faisait mal, et que selon ton expérience, il valait mieux ne prendre aucun risque. Tu le faisais aussi pour lui, l'air de rien, parce que tu cherchais toujours à le protéger depuis que tu l'avais vu la première fois.

Tu ne t'attendais pas à ce qu'elle te dévoile son âge après t'avoir fait comprendre que tu n'étais qu'une passade mais en quelques sortes, cela ne peut que te rassurer, elle s'ouvre un peu à toi. Tu ne t'attendais pas à cet âge d'ailleurs mais tu ne fais aucun commentaire, qu'est-ce que tu en as à faire de toute façon, ce que tu ressens ne va pas changer parce que vous avez une importante différence d'âge, bien au contraire, tu vas continuer à laisser tes sentiments grandir et tu verras bien ce que cela donne. Et moi vingt. tu murmures alors avant de retrouver ses lèvres, comme si tu ne pouvais pas t'en passer, comme une drogue en réalité. Alors bien sûr, comme chaque fois que tu te retrouves aussi proche de cette si belle femme, tu te laisses aller à tes désirs les plus fous, à tes envies les plus profondes, tu laisses ton amour s'exprimer de la plus belle des manières qui soient, bien qu'ici, ce soit pleinement interdit. Tu ne penses qu'à vous, qu'à cette bulle dans laquelle tu t'enfermes peu à peu et qui menace néanmoins d'exploser à chaque instant. Et finalement, alors que tu profites de la chaleur de ses bras et de la pièce, ces mots sortent sans que tu ne le réalises, parce qu'ils sont plus réels que jamais. Je t'aime.

T'avais pas envie de le lâcher, t'avais juste envie de passer une énième soirée avec lui, dans ses bras, dans tes draps, et t'enfermer dans votre bulle où plus rien ne comptait sauf vous deux. Il te rendait dingue quand même, et tu savais pas qu'il aurait pu te déclencher toutes ces émotions. T'avais jamais ressenti quelque chose d'aussi puissant en si peu de temps. Chaque baiser, chaque souffle échangé t'animais d'un sentiment étrange mais vivifiant. Tu savais qu'il était devenu ta drogue, ta faiblesse. Celui qui comptait plus que les autres, ton chouchou parmi tous tes collègues. Il fallait que tu sortes de cette emprise, que tu te détaches de lui sinon tu ne pourrais plus jamais être objective avec lui. Il n'était jamais trop tard pour faire machine arrière, enfin, c'est ce que tu pensais.

Ton coeur loupa un battement. Il t'avait dit qu'il t'aimait. Tu avais senti l'air te manquer. T'avais peur. Peur de toi, surtout.

- M'aimer, c'est une grosse connerie.

T'étais pas faite pour être aimée, t'étais persuadée qu'on pouvait pas t'aimer réellement. Ton père s'était barré, ta mère t'avait planté un couteau dans le dos et tes relations amoureuses avaient virés au drame. Comment, lui pouvait t'aimer ? Ah oui. Il ne te connaissait pas encore. Puis, il était jeune. Trop jeune. Tu savais que tu allais le briser, ce pauvre gosse qui cherchait l'amour que tu ne pouvais lui donner. T'étais vraiment une personne horrible. Tu avais fait une belle erreur d'avoir brisé cette règle que Le Professeur avait mis en place. Tu pensais pas que ça irait aussi loin, et que ça te déstabiliserait autant.

T'as laissé échapper ça, tout simplement, t'as pas calculé que ces mots si importants allaient sortir de tes lèvres et pourtant, maintenant que c'est fait, tu ne peux pas faire marche arrière c'est tout simplement impossible et puis au fond, tu n'en as pas envie, tu as simplement fait part de tes sentiments à la femme concernée et peut-être que tu n'aurais pas du quand tu entends sa réponse si glaciale, qui te fait te tendre sur place sans plus savoir quoi répondre. D'accord. tu réponds alors simplement, tu ne vas pas te justifier tu n'as pas à le faire, tu l'aimes c'est tout, c'est ce que tu ressens et tu n'y peux rien et rien de ce qu'elle dira ou ne fera ne changera de toute façon la donne. T'as pas choisi mais tu ne regrettes pas, c'est un plaisir de tomber amoureux d'elle et de te faire briser le coeur par Tokyo, c'est sûrement mieux qu'une autre parce qu'avec elle, tu peux profiter de ces instants qui n'appartiennent qu'à vous et en fin de compte, c'est tout ce que tu demandes. T'aimerais, en cet instant, avoir le courage de te lever pour rejoindre ta chambre, la laisser ici en plan mais t'en es pas capable, t'es trop faible face à elle pour faire ce genre de choses, t'es trop amoureux déjà.

Tu voulais vraiment pas qu'il tombe amoureux de toi, il fallait qu'il comprenne que vous ne pouviez pas vous lancer là-dedans. T'étais toxique, un vrai poison pour tout le monde et tu savais que tu finirais par lui faire du mal. L'air de rien, tu l'avais quand même prévenu, et il était toujours là, à tes côtés. Il était prêt à prendre des risques pour toi, alors que toi, t'étais même pas capable de t'avouer tes sentiments naissants. Parce que les mots étaient toujours plus durs à admettre que les gestes. Toi, tu croyais aux actions et pas aux paroles qu'on pouvait sortir sur un coup de tête sans vraiment les penser.

Et tu savais que ton corps en disait long sur ce que tu ressentais, et qu'il l'avait senti lui aussi. Tes cellules réclamaient les siennes comme tes pouvons pouvaient réclamer de l'oxygène. Blottie dans ses bras, tu t'amusais avec ses plaques, profitant quand même de ce moment à deux.

- A la base, je fréquente pas des mecs plus jeunes que moi, t'es l'exception. T'es différent.

Tu savais pas comment l'expliquer mais oui, tu n'aurais surement pas jeter ton dévolu sur un mec plus jeune si c'était pas Rio.

Ça te plaît, d'être l'exception, ça te rend complètement différent de ses autres relations et il faut avouer que ça a quelque chose de plaisant. Toi non plus, tu n'as jamais fréquenté de femme plus âgée, pour le peu de femmes que tu as fréquenté de toute façon. T'as jamais réfléchi au type de fille qui t'intéressait le plus mais faut reconnaître que Tokyo est typiquement ce qui te rend fou, tout chez elle t'attire, il n'y a pas une part d'elle que tu ne désires pas et tu n'as jamais ressenti une telle chose. Tant mieux, ça me rend unique. Tu te souviendras toujours de moi comme ça. Même quand elle se lassera, qu'elle partira, et qu'elle passera à autre chose quand toi tu n'auras encore que sa voix et son odeur dans la tête. T'as bien compris que ce jour arriverait de toute façon alors autant que tu fasses en sorte de garder une place spéciale dans sa tête pour le reste de ses jours.

Tu te persuadais du contraire, que t'arriverais à l'oublier en un claquement de doigts, parce que bientôt tu serais pleine aux as, que l'argent arriverait à combler tout le vide que tu as en toi, d'une manière ou d'une autre. C'était le désir de tout le monde de se faire une place dans l'esprit d'autrui, juste histoire de se dire que notre vie n'avait pas été si vaine. Et c'était ton désir aussi même si tu trouvais ça niais.

- Tu penseras à moi quand je serais à l'autre bout de la Terre ? demandas-tu.

Tu réfléchissais, et même si t'avais pas envie d'entendre sa réponse parce que dans les deux cas, ça réveillerait quelque chose en toi, tu pouvais pas t'empêcher de demander cette chose, comme une enfant qui avait peur d'être abandonnée par ses parents.

T'as pas envie de te retrouver à l'autre bout du monde sans elle désormais, tu sais pertinemment que tu veux partir avec elle parce que vous serez riches et que vous pourrez tout faire et l'idée d'être tout de même séparé d'elle te semble désormais inimaginable. Je ferai tout pour être avec toi à l'autre bout du monde. tu lui avoues alors, exposant un peu plus tes sentiments sans gêne, comme tu le feras toujours par la suite. T'es niais, ça c'est certain, mais t'en as strictement rien à faire en réalité, parce que si tu ne lui ouvres pas ton coeur maintenant, tu n'auras plus jamais l'occasion de le faire, c'est le moment et tu as envie de lui exprimer ce que tu ressens pour qu'elle comprenne, et peut-être qu'elle en vienne à partager tes sentiments ou du moins, à accepter d'ouvrir son coeur.

Tu coeur s'accélérait suite à ses mots, tu te sentais dépassée là, fallait l'avouer. T'avais autant envie d'entendre ces paroles que tu en avais peur. Mais tu l'avais cherché, fallait l'avouer. Tu pouvais t'en prendre qu'à toi si en cet instant, tu te voyais bercer d'illusions avec Rio.

- T'avais pas dit que tu voulais t'acheter une île ?

Non, parce que toi t'étais pas sûre de le suivre sur cet île, même si tu savais que ça te dérangerait pas. Tu commençais déjà te prendre la tête avec ces conneries, fallait que tu y mettes un terme sinon, tu serais foutue. Comme d'habitude. T'avais bien songé déjà à ne pas trop t'attacher, à ne pas te lier à lui, et c'est exactement ce que tu faisais là.

- Rio, faudrait que tu retournes dans ta chambre.

Il pouvait pas rester, fallait que tu prennes tes distances avant de craquer totalement pour lui.

Acheter une île, c'était ton rêve en effet et c'est toujours le cas mais pourquoi pas le partager avec elle désormais ? Une grande île rien que pour vous deux et votre future famille parce que ouais Rio, c'est de ça que tu rêves toi, t'es loin de savoir que tu ne partageras jamais ce rêve avec elle d'ailleurs. Si et alors ? que tu lui demandes avant qu'elle ne te conseille de retourner dans ta chambre. Tu la regardes, la fixes même. Je dors ici d'habitude. mais t'as pas besoin de réponse pour comprendre, t'es pas aussi con que t'en as l'air. Alors dans un soupir, tu te relèves et te lève du lit, attrapant tes affaires pour les enfiler sans ajouter un mot. Elle veut mettre des barrières et tu peux le comprendre, elle n'est pas prête tout de suite et tu lui laisseras du temps, parce que t'es certain qu'au fond elle ressent la même chose que toi et qu'un jour elle osera se l'avouer, enfin. A demain alors, dors bien. tu ajoutes avant de te pencher pour venir embrasser son front.