i need your help (rp3)

Alessya comprenait et ressentait la culpabilité d'Ugo. Il y avait des moments dans la vie où on venait toujours à regretter ce qu'on faisait, et on se demandait si l'issue n'aurait pas été différente si un détail aurait changé. Le doute tuait l'esprit. Alessya en avait déjà fait l'expérience. Et si elle n'avait jamais trompé Kaleb, est-ce que sa vie aurait été meilleure ? Elle n'avait pas été malheureuse avec lui, mais elle ne s'était pas sentie aussi passionnée que lui dans leur relation. Elle avait eu de l'affection, mais ça n'avait pas suffit. Ça ne lui avait pas suffit.

Comme une drogue, il lui en fallait toujours plus histoire de combler les morceaux manquants en elle. Elle avait l'impression qu'Ugo pouvait les combler, les remplacer, les aménager de telle façon à ce qu'elle ne ressente plus cette sensation de vide au fond d'elle. Elle avait besoin de lui. Elle était incapable d'arrêter la machine en route, parce que, comme une drogue, mettre le doigt dans l'engrenage suffisait à animer le moteur. Et cette sensation d'être vivante lui donnait l'impression de mériter son existence.

- J'ai pas envie que ça recommence. Que tu recommences ce que tu as fait. Et ça, tu peux pas me l'assurer.

Plus qu'un désir de le garder en vie, elle avait besoin de le savoir en vie. Puis quand il lui demanda quelles expériences elle avait vécu, elle s'arrêta net.

- Je suis pas sûre que ça t'aiderait dans ta prise en charge de savoir les détails de ma vie.

Elle allait éviter cette question tout simplement parce qu'elle n'avait pas l'envie de se rendre vulnérable en lui soumettant les faiblesses qui existaient toujours en elle. Elle avait donc enchainée en parlant de son métier, chose qui allait sûrement moins le braquer.

- Faudra qu'on prenne rendez vous alors, je peux pas continuer comme ça. J'ai des dossiers sensibles, donc si je les perds, ça peut être problématique. Et je sais pas d'où vient le problème, je pense que toi tu sauras me dire.

Alessya était comme lui dans le fond ; elle tenait les autres à distance, les évitait, les repoussait jusqu'à ce qu'elle ne vienne à regretter sa solitude qui la hantait jour et nuit. Elle avait peur des autres. Elle avait peur de souffrir, beaucoup plus que vide qu'elle avait à l'intérieur. Elle savait à quel point les relations humaines pouvaient briser, changer une personne pour le meilleur et pour le pire, et la jeune femme avait côtoyé le pire déjà. C'était trop pour retenter, surtout qu'elle ne supportait pas l'échec.

Toutes les pierres qui façonnaient sa façade s'effritaient devant Ugo. Sans savoir pourquoi, il exerçait sur elle quelque chose de magnétique et elle avait de plus en plus de mal à garder son statut de professionnel. Elle l'avait donc embrassé. Elle pouvait encore sentir sa brûlure sur ses lèvres. Elle ne pouvait pas le laisser dans cette situation, pas lui.

- Parce que j'ai envie que tu restes en vie. Il faut que tu vives ta vie tout simplement et ce serait dommage que la tienne s'arrête comme ça.

La première phrase était sortie un peu trop vite à son goût, alors elle avait essayé de changer la donne avec la deuxième, plus objective. Elle fut contente qu'il respecte sa décision de ne pas en dire en plus sur sa vie personnelle, parce qu'elle n'était pas prête et surtout, c'était pas l'endroit pour ça. Elle hocha la tête quand il répondit qu'elle pouvait le contacter pour son ordinateur. Elle allait sûrement le faire rapidement, vu l'état de la machine.

La séance touchait à sa fin, elle s'était donc redressée sur ses jambes, et la blonde avait cru qu'elle allait défaillir en entendant la phrase qu'il avait dit.

- C'est mieux comme ça, lança-t-elle en baissant les yeux gênée avant de lui tendre sa main.

Elle aurait vraiment pu se voir le refaire. Mais elle en avait déjà assez fait comme ça. Pour le coup, elle avait compris qu'il avait aimé ça lui aussi, et le cœur de la jeune femme s'était encore mis à accélérer en le quittant.